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La Maronite: Constantes et Variables de Vie

 

 
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La Maronite: Constantes et Variables de Vie
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P. Abbe Boulos Naaman
Supérieur General de l'Ordre Libanais Maronite
La Maronite: Constantes et Variables de Vie
IIe congres Maronite Mondial - 8-12 Octobre 1980 - New-York U.S.A.


Introduction:

On a pu dire beaucoup de choses de la maronité et on en dit encore davantage aujourd'hui, parce que, toujours présente dans son milieu, elle en partage la faiblesse et la modestie, la grandeur et la dignité. Présence continue et active au niveau de la pensée, de la lutte et de la vie, depuis les origines, en 452, jusqu'à l'heure actuelle 1980.

Nous voudrions passer en revue 1528 années de cette présence permanente active et efficace, non pas en vue de dresser un bilan, mais dans une tentative d'approcher et de comprendre les constantes et les variables de vie ainsi que les moyens de ce peuple engage de l'Orient.

Nous diviserons notre propos en deux parties fondamentales:

1-Les principes et les fondements intellectuels et spirituels qui distinguent le peuple maronite des origines.
2- L'Histoire, toute de luttes, ayant consacré ces principes devenus comme un style de vie.

I- PRINCIPES ET FONDEMENTS

Les fidèles de la maison de Maroun, comme l'Histoire les a désignés pour la premier fois, sont un groupe de Chrétiens chalcédoniens, c'est-à-dire qui ont reconnu l'autorité du Concile de Chalcédoine réuni en 451, et qui vivent dans le cadre géographique du Patriarcat d'Antioche: à partir de la Cilicie au Nord-Ouest, jusqu'à la Palestine au Sud; et de la Phénicie à l'Ouest jusqu'à l'Arabie à l'Est, et ce, conformément à l'organisation et a la répartition romaines, dues à la reforme de Dioclétien en 284.

A l'issue de ce Concile, ou le point de vue dualiste d'Antioche, concernant les deux natures du Christ, a prévalu sur la conception alexandrine moniste, l'Eglise Chrétienne s'est scindée en deux parties majeures:

1) Les anti-chalcédoniens monophysites, croyants à l'unique nature du Christ: Coptes et Ethiopiens du Patriarcat d'Alexandrie, Syriens Jacobites du patriarcat d'Antioche et Arméniens du Patriarcat de Constantinople.

2) Les Chalcédoniens dualistes qui reconnaissent une double nature dans le Christ; Le Pape romain et l'Eglise Occidentale en général, le Patriarche de Constantinople et l'Eglise Byzantine ainsi que les Melkites du Patriarcat d'Antioche, c'est-à-dire ceux qui ont suivi le Roi Marcien, connus de nos jours comme Grecs, comme Catholiques et Orthodoxes, et comme Maronites.

LE CHALCEDONISME

Les Chalcédoniens se sont retrouvés d'accord, dans une même orientation théologique et dans un mémé camp résultant de deux expériences du christianisme: l'Ecole dualiste d'Antioche, représentée, au Concile par Théodoret, évêque de Cyr, et la tradition romaine, représentée au Concile par la Lettre doctrinale du Pape Léon le Grand. Il est incontestablement établi que l'honneur de la clarification et de la mise en forme définitive de la doctrine chalcédonienne revient à ces deux grands penseurs.

Voici les points essentiels de cette doctrine:

Le Christ n'est pas seulement Dieu - C'est-à-dire, que sa nature divine ne recouvre ni ne dissout sa nature humaine - comme l'a cru Eutychès le Supérieur des Moines de Constantinople. Il n'est pas davantage un Dieu séparé de l'Homme, comme l'a pensé Nestorius. Il est, ensemble, Dieu et Homme parfaits; il est une Personne, Une, en deux Natures complètes: à la fois divine et humaine, surtout humaine, parce que personne n'a nié, dans le Christ, sa nature divine complète, alors que sa nature humaine complète a pu être mise en question. La doctrine chalcédonienne se présente, donc, comme une affirmation claire de l'humanité du Christ, c'est-à-dire, de son Incarnation dans le temps. De cette croyance théorique résultent des attitudes concrètes de vie qui deviennent, avec le temps et la pratique quotidienne, des caractéristiques de civilisation.

L'Incarnation signifie ainsi, pratiquement, l'entrée de Dieu dans l'Histoire, dans le temps ainsi que dans l'espace, homme comme les autres hommes, en vue d'accomplir l'opération du rachat. Le Dieu incarné n'est plus ni sollicitation ni attente romantique, comme dans le Judaïsme, pas davantage une idée de l'entendement ou l'attribut d'un être qu'on ignore, comme en Islam; Il est un modèle et un idéal de vie; Il est Homme-Dieu qui institue, avec tout homme, par son Incarnation même, une relation ontique, afin de permettre à l'homme, à son tour, d'instituer une relation ontique, afin de permettre à l'homme, à son tour, d'instituer une relation divine avec l'Homme-Dieu Jésus-Christ, unique médiateur entre Dieu et le monde. Par où la participation divine à la nature humaine permet à l'homme une participation réelle à la nature divine: c'est la l'opération mémé du rachat telle que nous la présente le canon de la messe maronite: "Tu as uni Ta Divinité à notre humanité et notre humanité à Ta Divinité. Tu as pris notre nature pour nous donner la Tienne".

LA MARONITE SOCIETE UNIVERSELLE

Dans ce sens, et à partir de cette conception de l'Incarnation, le christianisme est rencontre avec tout homme dans l'humanité totale de Jésus-Christ, c'est un devenir dynamique. Le chrétien réalisera donc sa vie chrétienne dans la mesure ou il s'élèvera dans son humanité, et cette élévation est rencontre de l'autre, ouverture sur lui, car tout homme est forcement racheté en puissance par Jésus-Christ.

De ce point de vue même nous pouvons considérer la Maronité qui n'est, de par sa fondation et sa constitution en Eglise, qu'un engagement original et authentique au cœur même de la doctrine de l'Incarnation, comme une société universelle et ouverte et non comme une société totalitaire et close.

Certes les sociétés universelles comme les sociétés closes considèrent l'homme dans ses dimensions à la fois essentielles et existentielles; mais les sociétés universelles se distinguent des sociétés closes par cela qu'elles ne sont ni exclusives ni portées à refuser les autres comme différents. Elles recherchent plutôt l'autre précisément parce que différent, attachées qu'elles sont à cette idée que l'unité dans la diversité est pour l'homme richesse, et que rien de ce qui est humain ne doit leur être étranger.

Ce peuple s'est rattaché à un couvent, fondé en 452 au nom de Maroun, le plus célèbre ermite de la Syrie du Nord, à la suite du Concile de Chalcedoine, et d'un décret patent de l'empereur Marcien - comme le rapporte l'historien arabe Abul-Fida - et sur la demande de personnalités influentes du Concile de Chalcedoine: l'évêque Théodoret de Cyr et le Pape Léon de Rome. En effet, dans sa lettre datée d'Avril 452 et qu'il adresse à l'évêque Théodoret, le Pape Léon lui demande de persévérer dans la défense de l'Eglise, avec l'activité et la pureté doctrinale qu'il lui reconnaît, et de demeurer son bras droit pour préserver la foi chalcédonienne et déraciner les divergences et hérésies du "Nestorianisme" et de l'"Eutichianisme" en particulier.

Il semble que Théodoret ait été fidèle à cette recommandation. C'est pourquoi il a refusé, à l'issue du Concile, de retourner à son évêché de Cyr, situé dans une montagne éloignée, pour s'installer dans la région d'Apamée, capitale régionale de la Syrie araméenne, au sein de l'ordre des Moines qui se rattachent au Concile de Chalcedoine et dans le Couvent où il a vécu sa jeunesse et écrit le meilleur de ses œuvres. Aussi conserve-t-il le mérite souverain d'avoir jeté les fondements du couvent de Maroun et de l'avoir doté de ce prestige moral intellectuel et spirituel qui a destiné ce couvent, tout récent parmi les trente de l'ancienne organisation, et les couvents de la Syrie chalcédonienne, à la première place.

A ce sujet, A. VOOBUS, historien de l'ascétisme oriental, écrit: "Le Couvent de la Maison de Maroun" est devenu la place forte et sûre de la doctrine chrétienne conforme au chalcédonisme". Le savant F. Nau est parvenu à nous mettre sur la piste d'un ancien manuscrit syriaque, conservé au musée britannique et qui comporte des lettres échangées à la suite d'un débat public, ayant eu lieu à Antioche, entre les moines de la Maison de Maroun, qui représentent la partie chacédonienne, et les moines de la maison d'Arbaz, qui représentent la partie adverse.

Voici ce qu'on y lit: "Les moines de la maison de Maroun qui vivent dans la région d'Apamée sont "les boutures du vignoble chalcédonien, les plants du Pape romain Léon et les cépages amers qui ont poussé dans le vignoble planté par Théodoret l'évêque de Cyr. En un mot ils sont le produit du grand schisme qui a eu lieu dans l'Eglise en 451. Et si nous-mêmes tenants de la nature unique sommes parvenus à nous débarrasser du sot Eutychès, les maronites eux n'ont pas pu se libérer de l'influence de Théodoret et de Léon…".

Comme le dit F. NAU qui a traduit et commente ces lettres, ces qualifications sont à l'honneur des maronites parce qu'elles désignent, avec clarté, les principes et les fondements intellectuels et spirituels qui les ont distingués dès l'origine.

Dans ce sens, ces maronites se pressentent:

- Comme un mélange de peuples "Araméens et Cananéens." à l'image de ceux qui se sont implantés dans la région d'Apamée à partir du IVème siècle, car ils n'en différent ni par l'origine ni par la race;
- Comme des "Orientaux" pareils aux autres chrétiens du "Patriarcat d'Antioche";
- Comme des "Chalcédoniens" semblables à ceux qui ont suivi les enseignements du Concile tels que les Byzantins, les Latins et les Melkites du Patriarcat d'Antioche.

Mais ils se distinguent de tous ceux-là:

1- Par l'influence d'un environnement pluraliste:

Ils ont, en effet, vécu dans les régions intérieures et montagneuses d'Apamée, capitale de la Syrie araméenne, où s'est concentré le plus grand nombre des habitants aborigènes.

La capitale, Apamée, aujourd'hui Kal'aat-Al-Moudik, était plus fortement unie et plus jalouse de sa culture araméenne que l'autre capitale, Antioche. L'élément instrus ne l'avait pas marquée - ni la civilisation hellénistique, qui avait pourtant dominé à Antioche - bien qu'elle fût la plaque tournante de civilisation et de courants de pensée divers venus du Sud, par Homs, la Phénicie et la Palestine; du Nord, par Cyr et l'Asie Mineure; de l'Est, par Alep et Menbège; et de l'Ouest, par Antioche. Des écoles philosophiques pilotes y ont été fondées, telles l'Ecole de Jamblique l'ancien, et celle du célèbre Posidonius. Bref, Apamée a su vivre son universalité et sa pluralité sans dissoudre son unité ni adultérer son originalité ou son patrimoine intellectuel.

2- Par les liens étroits avec l'Eglise Occidentale:

A cause de leur conviction ferme et prévalent de constituer un groupe faisant partie intégrantes d'un corps dont le Christ est la tête, ainsi qu'ils l'affirment dans la lettre de détresse, datée de 517, et adressée au Pape Hormizdas, à la suite du massacre ourdi contre eux. En voici des extraits:

"La grâce de Jésus-Christ notre sauveur nous a fait recourir à votre Béatitude comme le naufragé, pris par la tempête et la pluie, accourt au port qui l'abrite… Vu que le Christ notre Dieu et Premier Pasteur vous a élevé au rang de Maitre et de Médecin de toutes les âmes, nous avons estimé notre devoir de vous éclairer sur les malheurs qui nous ont frappés… Nous vous supplions d'intervenir avec vigueur et fermeté, parce que nous sommes peinés par le spectacle de notre corps mutilé. Vous êtes le Chef de chacun de nous et il vous appartient de défendre la foi méprisée et les lois bafouées… Le pouvoir et l'autorité vous ont été conférés par Dieu afin de lier et de délier… Suivez l'exemple de Pierre, chef des apôtres, dont vous occupez glorieusement la Chaire…".

Ces liens avec Rome ont précisément permis, avec le temps, de consolider leurs relations avec la Chrétienté mondiale, les empêcher de vivre en ghetto, et les ouvrir à tout progrès scientifique, théologique, culturel, et social à une époque ou l'Orient entier était stagnant et isolé. Ce qui explique aussi leur unité interne ainsi que leur existence - malgré les difficultés et les épreuves - comme Eglise unifiée et qui n'a pas connu de division.

3- Par une organisation bien structurée et engagée

Du fait qu'ils constituent une société-Eglise, directement rattachée à une "organisation monastique", qui a assumé, outre un rôle majeur dans la défense de la dualité des deux natures du Christ, les témoignages et les actes que ce rôle implique, comme les relations spontanées avec les autres, leur acceptation même, bien que différents ou parce que différents. Ce qui a marqué l'esprit de cette société particulière par ce que nous convenons d'appeler, aujourd'hui, la dialectique de contradictions, destinés non pas à susciter, l'un contre l'autre, des incompatibles, mais à soustraire cette société à une pensée et à une vie fermées et sans horizons.

Cette originalité qui caractérise les sociétés ouvertes ne va pas sans gravité ni défi vu qu'elle ambitionne à la fois, la conservation de soi et le respect des autres, sans céder, pour autant, à l'illusion de fondre en eux ou dans un intégrisme unitaire quelconque.

Caractéristiques qui se seraient réduites à un simple exercice de l'intelligence, n'eut été l'épreuve des faits dont elles sont sorties indemnes, et cette pratique patiente de la vie quotidienne qui leur a permis de survivre jusqu'en 1980. Depuis 1528 années, les Maronites tiennent à une ligne de pensée à la fois une et diversifiée: une dans ses origines et diverse dans ses inspirations; à une ligne spirituelle une et diversifiée: une dans sa source et diverse dans ses affluents; à des relations humaines et internationales une et multiple: une dans leur profondeur et leur sincérité, multiple, dans leur universalité, en dépit des deficiences et faiblesses humaines qui entachent ces caractéristiques, des ambitions et des ressentiments, des petitesses et parfois même de l'inexistence de chefs responsables, chargés du Commandement.

Ce qui nous conduit au deuxième point de notre étude: la pratique et la lutte quotidienne, c'est-à-dire, l'histoire qui a consolidé ces principes et ces fondements, qui les a consacrés par le témoignage, les transformant en un style d'action et un modèle de vie susceptibles d'épanouir l'homme et de convenir à tous ceux qui vivent les circonstances de vie des Maronites, sans considération de race, de culture ou de religion.

II- HISTORIQUE DE LEUR PRATIQUE ET DE LEUR LUTTE QUOTIDIENNE

– En 517, c'est-à-dire, 65ans après la fondation de leur Monastère près d'Apamée et pendant que les Moines se dirigeaient vers la citadelle de Siméon, près d'Alep, pour se réunir avec leurs camarades, leurs ennemis leur tendirent un guet-apens dans le détroit de "Kal'aat Chaizar" et en massacrèrent plus de 350. Depuis lors, l'Eglise maronite en fête le martyr, le 31 Juillet de chaque année. Aussi leurs camarades avaient-ils alors dépêché une lettre relatant le fait aux représentants de la chrétienté de l'époque: le Patriarche de Constantinople et le pape romain Hormizdas. Nous avons déjà cité, plus haut, des extraits de cette lettre à laquelle une réponse du même Pape est parvenue en 518 leur exprimant des condoléances et les exhortant à la résistance et à la lutte. Ce massacre, malgré sa gravité et sa portée, dans un petit groupe en train de se constituer, n'a ni diminué leur courage ou leur ferveur, ni affaibli leur foi, ni modifié leur mode de vie; bien au contraire, il les a déterminés à plus de conviction et de persévérance.

– Les Gouvernements changent à Byzance et rien n'y est plus fréquent, dans l'histoire de l'Eglise Orientale, que les retournements de la politique religieuse de Byzance surtout après le Concile de Chalcedoine. C'est à cause de cela qu'on frappa Théodoret d'un anathème posthume plusieurs fois repris, afin de plaire aux non-Chalcédoniens: au concile particulier de Constantinople en 499, puis au concile de Sidon en 512 et enfin au sixième Concile œcuménique de Constantinople en 553. Cet anathème a certes touché les moines et les fidèles d'abord, puis ses disciples, les penseurs de l'Ecole d'Antioche, et surtout, les Moines de la Maison de Beit-Maroun. A l'époque, l'anathème avait une portée considérable, surtout prononcé lors d'un Concile Œcuménique que présidait, en l'occurrence, le Grand Empereur Justinien, soucieux de renforcer son régime de l'intérieur, en donnant satisfaction aux Monophysites non-Chalcédoniens.

– En 610, à peine la chance leur avait-elle souri, grâce à l'accès d'Héraclius, porte bannière du Concile de Chalcedoine, à la tête de l'Empire, que la Syrie s'est trouvée, par deux fois envahie, en une période de moins de 30 ans (610-640). Au cours de ces deux invasions, les Chrétiens, et en particulier les Melkites (Maronites), fidèles à Chalcedoine et au gouvernement de Byzance, ont subi les pires atrocités:

a) - Les Perses, en premier, ont conquis la Syrie, Antioche tombée entre leurs mains, son Patriarche Chalcédonien en fut victime en 610, alors que le Patriarche non-Chalcédonien était protégé par les envahisseurs, ses fidèles ayant accouru à leur accueil.

b) - Ensuite, lors d'une deuxième invasion, les arabes conquirent la Syrie. De nouveau les non-Chalcédoniens accoururent à leur accueil exubérant de joie. Quant aux Chalcédoniens, on leur infligea de terribles sanctions au moment précis où s'élevaient, entre eux, des dissensions à propos d'acte et de volonté dans le Christ; de langue, de rites et d'allégeance pour Byzance!... Entretemps, la conquête arabe s'étend vers le Nord et coupe les moyens de communications terrestres et maritimes, entre Antioche et Byzance et Antioche et Rome, comme le confirme J. Pirenne, dans son ouvrage: "Mahomet et Charlemagne".

LE PATRIARCAT MARONITE: SYMBOLE D'UNITE

D’où un blocus qui étouffe les "fidèles de la Maison de Maroun" et dont ils ne se dégagent que grâce à leur solidarité, leur union et au fait qu'ils confient leur sort, à partir de 702, à un commandement unifié: le Patriarcat maronite d'Antioche.

Le Patriarche d'Antioche ayant été assassiné lors de la première invasion, les circonstances ne pouvaient permettre d'élire un successeur. C'est pourquoi Byzance est intervenue pour nommer un Patriarche d'échange siégeant à Constantinople même. Les faits en sont restés là jusqu'en 702, année ou Byzance s'est désintéressée de cette nomination. C'est alors que les Maronites, profitant de la vacance du siège patriarcal d'Antioche, ont désigné un Patriarche et des Evêques de leur Couvent et les ont chargés de la direction de leur peuple. Aussitôt fait, ils se sont, depuis lors, mis en quête d'appuis hors de l'homme, dans la nature. Mais leur choix devait se limiter aux rares régions fidèles à Chalcedoine. C'est là qu'ils pouvaient trouver leur soutien. Aussi la Phénicie maritime et libanaise s'imposait-elle à eux, inéluctablement, car c'était la meilleure région chalcédonienne, la plus sûre et la plus retranche, et où d'autres frères les y avaient précédés, leur facilitant le chemin.

A l'époque ou leur couvent était sur le point d'être démoli, vers 950, par "les invasions successives et la tyrannie du Sultan", comme le dit Al-Massoudi, l'historien arabe, il ne restait d'eux en Syrie qu'un petit nombre.

LE LIBAN: CITADELLE DE LIBERTE

Le Liban, avant même que les Maronites ne s'y retranchent, était déjà une terre de liberté pour la minorité païenne qui s'y était refugiée à l'époque ou l'Empire Romain s'est christianisé avec l'empereur Constantin le Grand, en 313.

En effet, lorsqu'en 361, l'empereur Julien a voulu ressusciter le paganisme, il n'en pouvait trouver les résidus vivaces que dans les régions reculées et sauvages de la montagne libanaise, à Fakra, Afka, Douma et autres, ou l'on voit, encore aujourd'hui, les vestiges des temples païens.

"Une fois retranchés dans les montagnes du Liban, écrit René Ristelhuber, dans son livre "Traditions Françaises au Liban", Les Maronites ont constitué une nation largement indépendante… Ils ont pu, dans leurs montagnes hautes et escarpées, bloquer la pénétration arabe et ils se sont organisés en une forte société féodale sous le commandement de leur clergé et de leurs grands propriétaires et ils ont longtemps vécu, au sein de ces montagnes, dans un isolement quasi-total".

- Jusqu'au printemps de l'année 1099, quand arrivèrent, alors, les Croisés, à Arka, prés de Tripoli, qu'ils se sont mis en relations avec les Maronites, Ce fut, de nouveau, leur rencontre avec Rome et l'Occident.

Mais quand ces Croisés, eux-mêmes chrétiens, ont cherché à imposer leur empire sur les Maronites, à diluer leur originalité et leurs caractéristiques, il y eut alors, entre eux, des batailles sanglantes, sous le commandement du Patriarche Luc Bnahrani, en 1281. Ce qui affaiblit les deux adversaires et permit aux Mamelouks d'entrer à Tripoli en 1289.

- Ce régime des Mamelouks se présente "comme la période la plus sombre de l'histoire des Maronites" pendant laquelle ce peuple ainsi que bon nombre de ses patriarches et évêques ont été tués, brulés ou dispersés, dont le célèbre Patriarche Gabriel de Hjoula brûlé prés de la mosquée de Tilane, à Tripoli, en 1367.

- Quand le Sultan Sélim 1er a conquis "le pays de Damas" (1516) - tel qu'il était désigné par les gréco-romains il en a reconnu les chefs locaux, et en a afféagé les régions à ses leaders propres. Les Maronites se sont alors parfaitement entendus avec les gouverneurs locaux, et ils ont entrepris, de concert avec eux, la reconstruction du Liban y investissant leurs aptitudes scientifiques sociales et artisanales. La condition de cette coopération était de pouvoir garder sauves leur identité et leur originalité et d'avoir leur ouverture à l'Occident. Ce qu'ils ont pu obtenir, surtout avec les Emirs Assafites sunnites, les Maanites druzes et les Chéhabistes sunnites dont le seul souci était l'indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte et la promotion de leur région. C'est pourquoi, ils ne pouvaient trouver mieux que les maronites pour leur assurer cette indépendance et cette promotion. A ce sujet K. Salibi écrit: Le loyalisme des Maronites à l'égard de Fakhreddine avait pour fondement la Communauté d'intérêts des deux parties… cette communauté d'intérêts a persisté entre les Maronites et les émirs druzes, bien après Fakhreddine, jusqu'aux derniers Maanites, et même jusqu'à l'époque des Chéhab. L'existence des Maronites dans les régions druzes était un sérieux appui pour l'émirat. De même que l'émirat se présentait comme l'emblème et le symbole de la souveraineté libanaise à l'époque de l'Empire Turc. Et c'est tout ce que désiraient les Maronites".

- Ce n'est donc pas par hasard que le Collège maronite de Rome a été fondé l'année même ou Fakhreddine Al-Maani succédait à son père Kerkmaz à la tête des Druzes du Chouf, en 1584. Ce collège se présente comme la pierre angulaire de toute la renaissance orientale. Le mérite en revient à ses élèves d'avoir fondé des écoles au Liban, dans chaque ville et village et sous des chênes nombreux. Le mérite leur revient aussi introduit des méthodes scientifiques dans le rangement et l'organisation des bibliothèques en vue d'encourager la recherche scientifique en Occident. Davantage, ils ont pu occuper des postes scientifiques nombreux et importants, dans diverses Universités d'Europe, telles l'Université de Paris, de Rome, de Florence… Certains noms sont restés illustres: J. Assemani, G. Sionita, A. Ecchellensis, Al-Rizzi…

Les épreuves nous ont appris que notre rôle est fondamental dans le transfert de la culture orientale en Occident et celle de l'Occident en Orient. Nous avons réussi chaque fois que nous-mêmes, partis pour l'Occident, avons puisé dans ses sources intellectuelles et spirituelles et nous nous sommes trompés chaque fois que nous avons abandonné ce rôle et permis à cet Occident, ou à d'autres, de nous véhiculer ce qu'ils souhaitaient de leur culture.

- A la fin du règne de l'Emir Béchir, ami et allié des Maronites, ceux-ci n'en ont pas moins entrepris une révolution armée contre lui et contre les Egyptiens d'Ibrahim Pacha. Ils se sont alors réunis, avec les divers représentants des communautés libanaises, en l'Eglise Saint-Elie d'Antélias, et ont fait serment, devant l'Autel, de "livrer combat jusqu'à la reconquête de leur indépendance ou de mourir", parce que leur souveraineté avait été bafouée.

- Pendant la période qui va de 1840 - chute de l'émirat - jusqu'en 186, les Maronites ont subi de pénibles épreuves qui ont culminé dans le massacre de 1861, perpétré à l'intérieur du district druze. Epreuves qui n'ont pas affaibli leur volonté de redressement, car s'étant rendu compte, juste après l'établissement d'Almoutasarrifiah, que le gouvernement public a été arraché aux Libanais et dépassant l'épreuve, ils ont œuvré, avec les druzes, la main dans la main, pour la réussite d'une nouvelle expérience libanaise qui les unisse aux autres communautés. Depuis lors, la construction de l'indépendance s'est faite à partir des mêmes principes que la pratique et l'expérience ont sédimentés.

LES CRISES DU LIBAN INDEPENDANT

- Pourquoi cette indépendance en est-elle arrivée à cet état? Cette question nécessite une étude à part, plus approfondie, dont il nous a été déjà donné de vivre les aspects et de les analyser à diverses reprises. Toutefois, nous voudrions, ici, soulever quelques remarques:

1- Le désaccord fondamental qui existe entre le but du pacte unitaire de 1943 et le pluralisme culturel et social de la réalité libanaise, d'une part, et de l'autre, les objectifs des politiciens et leur démagogie. Le régime de l'Etat résultant d'un pluralisme de fait et de la volonté de chaque groupe libanais de préserver sa spécificité, était un régime fédéral, alors que depuis l'indépendance jusqu'aujourd'hui, la démagogie des politiciens s'efforçait d'imposer une unité nationale artificielle dans une perspective fusionniste. On a cherché à réduire une unité dans la diversité acquise au départ, à une unité dans la fusion réalisée au niveau de l'acte et de la pratique. Ce que la structure libanaise a refusé; et ce refus a conduit a une partition réelle et psychologique, à une sorte de confédération, quand certaines communautés musulmanes, surtout, se sont mises à exercer leur droit de veto. (depuis 1958).

2- La conception même de l'allégeance nationale était ambiguë. Pour les uns c'est un concept-terme (chrétiens), pour les autres, un concept-étape (musulmans).

3- Au cours de l'histoire du Liban, la lutte a toujours été plutôt avec l'extérieur qu'interne. Mais cette fois, la lutte a pris son départ à l'intérieur du pays, appuyé par les forces palestiniennes; c'est pourquoi les combats ont été particulièrement acharnés.

4- A l'issue de ces événements sanglants, le Front Libanais lance de nouveau son appel à une unité dans la diversité, et non pas à une unité dans la fusion, pour une allégeance définitive et non pour une allégeance provisoire.

CONCLUSION

Il s'avère donc que la Maronite se présente, au départ, comme une vocation chrétienne orientale engagée, soudée à une organisation monastique dont la profession de foi est la dualité de la nature du Christ dans l'unité de sa personne, la défense, en particulier, de Sa Nature Humaine, le témoignage quotidien, pratique et vital, en faveur du respect, non de l'homme abstrait, mais de tout homme quel qu'il soit, du fait qu'il est appelé à participer à la divinité du Christ, par où il accède à la liberté et au salut.

Parce que engagés et organisés, les Maronites ont pu constituer une société homogène et universaliste qui reconnaît les dimensions essentielles et existentielles de l'humain, qui accepte les autres avec leurs différences, qui ne les exclut pas parce que autres, mais les recherche en tant que tels. C'est pourquoi, les Emirs du Liban, soucieux de son autonomie dans la diversité, ont compris ces qualités des Maronites et leur ont permis de se repartit parfois même les ont poussés ou forcés à le faire sur tout le territoire libanais, dans ses villes et villages, pour y être, une fois, comme le dit un éminent journaliste" du AN-NAHAR, le sel du Liban et resserrer les liens entre ses diverses familles et communautés. On leur a demandé, en outre, de constituer, dans la région de Jezzine, une ligne de démarcation entre les Druzes du Chouf et les Chiites du Sud; cette ligne s'étend, en effet, depuis le Mont Toumate à l'Est jusqu'à Sidon à l'Ouest. La plupart de ceux qui ont vécu au Liban- durant la période de "gouvernement maronite" comme certains se plaisent à le répéter - ont reconnu, si réduit que soit leur groupe d'appartenance, avoir joui de liberté, de dignité et d'indépendance.

Les Musulmans eux-mêmes n'ont ressenti la coercition de la limitation de leur liberté que durant la courte période où les Palestiniens les ont gouvernés, et cela, au dire même de certains d'entre eux qui l'ont spontanément avoué.

- Parce que les Maronites constituent un petit peuple faible, et toujours menacé et que leur doctrine implique à la fois leur essence et leur existence, il ne leur est pas possible d'abdiquer ni cette essence ni cette existence. C'est pourquoi ils ont été amenés, au cours de leur histoire, à se plier à un principe d'autodéfense oblative, parce que, pour eux, défendre leur existence c'est défendre, en même temps, leur essence et doctrine.

- Et bien que la meilleure stratégie de défense soit l'attaque, ils n'ont jamais été, au cours de leur histoire, expansionnistes au compte des autres ou agressifs. Partant de ce point dogmatique essentiel que tout homme participe, fondamentalement, à l'Homme-Dieu Jésus Christ. Tout homme, donc, mérite d'être aimé et respecté. Toutefois, ils n'ont jamais accepté que les autres les attaquent et tuent en eux l'homme, dans son corps, dans sa liberté, dans sa croyance ou dans son autonomie. C'est pourquoi ils ont violemment affronte l'inimité des autres et ne cessent de le faire.

- Et parce que devenus une société homogène et solidaire dans son essence et existence, ils se sont liés à la terre. Non point que la terre soit leur propriété - car la propriété est toute à Dieu, comme dit leur sagesse commune - mais parce qu'elle devient, pour eux, un soutien dans la défense de leur liberté et de leur subjectivité une fois perdu leur appui en l'homme. Quand leur existence s'est trouvée menacée en Syrie du Nord ou ils vivaient, dans cette région prospère - annexée par la Turquie en 1919 pour ses eaux et ses richesses - ils ont préféré l'exode dans les montagnes rocheuses et rudes plutôt que de se démettre de leur ligne doctrinaire et de leur identité. Dans ce Liban, nos ancêtres ont vécu, moines et fidèles ensemble, métayers au quart ou à moitié, par plants ou irrigation chez les Cheikhs et les Emirs, Druzes, Sunnites ou Chiites, dans les respect, la gloire, et la dignité, leur identité sauve et ce, cent cinquante ans durant.

Ils se sont noués à la terre, non pas parce que la terre signifie autre chose que de la terre, tel Jérusalem ou autre, mais parce que la terre reste pour eux un soutien de leur essence et existence, ensemble, quand enveloppés et trahis par l'homme, ils ne peuvent plus vivre cette essence ou cette existence et parce que l'attachement à la terre se concilie avec leur conception de l'Incarnation, avec le témoignage quotidien de la Vérité de l'Homme-Dieu, témoignage lié au temps et à l'étendue c'est-à-dire à la terre.

- Du fait que les Maronites sont un peuple essentiellement et existentiellement engagé, et qu'il s'est lié à la terre, il possède une histoire. Et parce qu'il possède une histoire propre et originale, il a favorisé à travers sa vie et sa pensée l'émergence d'une littérature et d'une culture humaines richissimes, nées en Orient et mises à son service et au service de leur entourage en particulier. Service que tout le monde connaît et sur lequel il n'y a pas lieu de s'attarder, ici, ni sur les qualités humaines qui transparaissent dans leur pensée, leur littérature, leur art, leur musique, bref dans leur culture. Elle s'est réfléchie dans la culture orientale qui se caractérise, elle aussi, par son unité et son universalité. Unité de source directe et originale et universalité et diversité dans le concours d'influences orientales et surtout occidentales.

En définitive, je voudrais revenir au point de départ, à ce phénomène singulier de l'histoire de cet Orient instable et qui moule tout, à la permanence de ce petit peuple modeste, vigilant, conscient de lui-même et de son importance, qui a vécu 1528 ans d'une existence éveillée et équilibrée géographiquement et religieusement, socialement et politiquement, à tel point qu'il est devenu l'axe même de l'existence chrétienne en Orient, qui s'en glorifie, lorsqu'il entreprend des gestes glorieux et s'indigne lorsqu'il entreprend des actes regrettables.

Puissent ses chefs comprendre aujourd'hui leur rôle humaniste de pionniers dans cet Orient, conscients de leur mission singulière, mission de l'homme libre et libérateur. Ils se feront moines et ascètes, comme dit Charles Malek, et ils accéderont aux postes de commande comme prophètes et visionnaires dépassant les communautés même maronites, pour atteindre l'homme libre et libéré.

IIe Congrès Maronite Mondial 8-12 Octobre 1980 New-York U.S.A.
P. ABBE PAUL NAAMAN Supérieur General de L'OLM

Wed Jun 07, 2017 9:32 am View user's profile Send private message Send e-mail Visit poster's website
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