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24 heures à Beyrouth - Histoire 1950

 

 
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24 heures à Beyrouth - Histoire 1950
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Quand une jeune fille libanaise reçoit... ou 24 heures à Beyrouth... Ahlan Wa Sahlan Ya Arlette... (1950)

–Eliane, réveille-toi, on te demande au téléphone.
– Qui vient de si bon matin me réveiller? A-t-on idée, il n'est que 7h! Ces gens du XXe siècle, emportés par la course contre la montre, n'ont vraiment plus la notion du temps et aucun respect pour le sommeil des autres. Zut!
Et c'est en rouspétant de la sorte que je me dirige vers cette satanée invention du siècle dernier. Imaginez ma surprise en entendant la voix d'Arlette, une amie de Genève, qui m'annonce qu'elle se trouve à Beyrouth pour 24h, en attendant la liaison qui doit la ramener chez elle.

Juste le temps de me débarbouiller et je file en direction de son hôtel. Me voilà cueillant mon Arlette à sa porte. Effusions, accolades, et en route pour le rituel petit déjeuner dans le tout aussi rituel restaurant d'Ajami, restaurant exclusivement libanais et qui ne désemplit jamais. C'est là que l'on peut commencer la journée, là où se termine toute bonne soirée: on vient y manger rapidement avant d'aller au cinéma. Les hommes d'affaires, n'ayant pas le temps de rentrer chez eux pour déjeuner, s'y donnent rendez-vous: "Ajami" est maintenant une habitude libanaise! Le propriétaire, commerçant avisé comme le sont en général les Libanais, n'a pas voulu y installer l'air conditionné, car, dit-il, "ce que je veux, ce n'est pas le client content d'être au frais en été, mais celui qui, content de manger son "méloukhié","chawarma" ou "kebbé", s'en va vite pour céder sa place a un autre"!

Attablées devant un "kneyffe b'jeben" (genre de pâtisserie au fromage), nous faisons le plan des 24 heures qu'Arlette doit passer à Beyrouth: shopping, arak, mezzé, boites de nuit…, et la voici qui m'énumère tout un programme, mettant les bouchées double. Mais commençons par le commencement.

J'explique à Arlette que la Livre libanaise est divisée en 100 piastres, que la plus petite coupure est de 5 piastres, prix d'un trajet aller en tramway; que le marché de Beyrouth étant un marché libre, elle pouvait tout aussi bien changer son argent chez tous les agents de change établis entre la Place des Canons (Bourg) et Bab-Edriss, que dans les banques.

Mais il est deca 9h et nous ferions mieux de commencer nos courses. Sortant de chez Ajami, nous nous portons d'un pas alerte, vers le "Souk Tawilé" a quelques mètres de là. Je conseillerai vivement aux maris de ne pas trop laisser leurs femmes se balader dans ces parages, les tentations étant très fortes, et le porte-monnaie facile à ouvrir (Pardon, Mesdames!). Mais revenons à notre souk après cette parenthèse. Quelques bijoutiers, le prêt-à-porter, argenterie, chemiserie, articles pour hommes, maillots, c'est une succession de magasins ou les plus grandes marques de tous les articles européens, américains et locaux se sont donné rendez-vous: les ceintures, sacs, gants de cuir des artisans libanais, voisinent avec les laines suisses et anglaises, les nylons américains, les articles de Paris, les soieries italiennes, dessous froufroutants si chers aux femmes d'aujourd'hui et qui feraient pâlir d'envie nos grand'mères. Les vendeurs, au pas de leur porte, vous invitent en arabe, en français, en anglais: "Tfadali, tfadali, j'ai exactement ce que vous cherchez" vous dit-il, sans même attendre que vous lui demandiez si tel ou tel objet est en vente chez lui.

– Combien cela fait-il en francs français? Mais c'est pour rien. Et mon amie se précipitait dans le magasin.
– Attends un peu, Arlette; tu dois marchander même si les prix te semblent raisonnables. Si le vendeur te demande 10 livres, tu lui réponds que tu ne payes que 5. Il te dira que son prix de revient est de 8 livres et que pour te faire plaisir, pour que tu deviennes une cliente de son magasin, il te le laisse pour ce prix-là. Tu dois dire que 6 livres te semblent raisonnables, et s'il n'accepte pas, tu fais alors mine de sortir. N'aie crainte, il te courra après, te priant de revenir, et tu auras l'objet de tes désirs pour 7 livres. "Mabrouk, Madame, puis-je vous offrir un petit café? Non, une limonade alors? – Adel, tlaté ahwé, awem. (Adel, trois cafés, de suite.)

Et voila bien la mentalité des Beyrouthins: ils vous discutent un quart de livre pour vous l'offrir plus tard en café, la fameuse hospitalité libanaise, vous dira-t-on! "Au revoir, mah elsalamé", et nous voici remontant Bab-Edriss pour nous diriger vers "Maarad", voulant dire "exposition". Et c'en est une vraie! En effet, à droite et à gauche, c'est une série de magasins de chaussures, il y en a bien une trentaine au moins. A la fin de cette rue aux grandes arcades, C'est la Place de l'Etoile, le Parlement et "tu vois ces petites ruelles où des tissus sont exposés dans des caisses en bois? C'est le "souk Ouiyé" ou souk au poids, ainsi nommé parce qu'au lieu de vendre le tissu au tard, au mètre ou au pic (mesure équivalent a 68cm), il est vendu au kilo ou a l'"ouieyé" égale à 200 gr. "C'est dommage que tu ne restes pas plus longtemps, on y serait venu. C'est vraiment sympathique, car la le marchandage est à l'honneur."

Puis, c'est l'immeuble Esseily et son cinéma le "Capitole", l'immeuble Lazarieh, et enfin la Place des Canons. Arlette est affolée par le va et vient de très belles voitures, se faufilant entre la marée humaine, qui remplit la place à toute heure du jour, les tramways, les voitures stationnées et c'est le plus beau concert de klaksons qu'il vous sera donné d'entendre de votre vie. "Tu vois ces voitures, expliquai-je à Arlette, ce sont des taxis; une partie d'entre eux sont les taxis-services qui chargent cinq passagers et qui pour 25 piastres par personne vous mènent à destination. Ils desservent tous les quartiers de Beyrouth, d'Achrafieh à Basta en passant par Ras-Beyrouth et Furn-el-Chebbak. D'autres en été, font de la même façon le trajet de toutes les grandes stations d'estivage, c'est ainsi que pour 1 livre par personne tu arrives à Aley.

– Ca des taxis, s'exclamait Arlette, mais c'est impossible, tu te payes ma tète, et elle me montrait du doigt les Buick, Chevrolet, Ford, Dodge et même Cadillac, et toutes du dernier modèle, s'il vous plaît! Ils sont là tout propres et reluisants, harcelant les passants: "Taxi, Madame? Taxi Monsieur?" Mais voici le souk des bijoutiers. Dans un dédale de ruelles très étroites il y a bien une soixantaine de petites boutiques que, de génération en génération, quelques familles d'orfèvres occupent. Dans des vitrines en verre, sur des tringles, sont passés des bracelets en or de toutes les formes, des bagues de toutes les dimensions, des chaînettes et des bijoux variés. Ceux-ci exposés au soleil de midi lançaient des feux et brillaient de tout leur éclat. Arlette s'arrêtant devant l'un d'eux me demanda ce que représentait cette turquoise accrochée au bout d'une chainette. Je lui expliquai que c'était une pierre qui protégeait du mauvais œil et que l'on faisait surtout porter aux nouveau-nés. Superstition orientale! Et pour faire comme tout le monde, Arlette en acheta une. Petit marchandage habituel, 20 livres au lieu de 25.

Et nous voila fatiguées, éreintées sur le chemin du retour.

Nous rentrons chez moi, où à la vue d'un narguilhé, Arlette veut à tout prix essayer de fumer. Un charbon de bois allumé est posé sur le sommet et voici notre Arlette qui, au lieu d'aspirer dans le tube comme il se doit, se mit à souffler dedans de tout la force de ses poumons: naturellement, il s'éteignit. Heureusement, elle décida que c'était trop compliqué.

Après le déjeuner, il n'est pas question de faire la petite sieste habituelle, car Arlette veut prendre un bain de mer. Je dis donc adieu à Morphée qui me tendait ses bras grands ouverts, et nous nous dirigeons vers le bain Saint-Georges, où la jeunesse et les jeunes vieux viennent se délasser et s'adonner aux joies du ski nautique. Juste à côté du Saint-Georges, deux grands magasins orientaux ont le même effet sur les étrangers que le miel sur les mouches: "Papa Georges' Store" et "Asfar et Sarkis". Kaffiés, agals, couteaux finement ciselés, brocards, pantoufles, robes de chambre, sacs-souvenirs, etc… Arlette ne savait plus où donner de la tète et de la bourse; impossible de calmer son ardeur et c'est ainsi que nous sortîmes les bras chargés de paquets de toutes les dimensions.

"Dis, Eliane, au lieu d'aller au Saint-Georges, ne pourrions-nous pas nous baigner à cette grande plage que j'ai vue d'avion ou bien est-ce trop loin? " "Mais pas du tout, on y va." - Et les paquets bien équilibrés dans la voiture, nous piquons vers Saint-Simon; nous y voici! Il faut vous expliquer que Saint-Simon, Saint-Michel, la Côte d'Azur, etc… sont les noms de ces plages; il y a aussi Acapulco et son cadre sud-américain. De petits chalets en éternit, loués à l'année, font la joie, en été, des adeptes de la mer.

Nos maillots à peine revêtus, une bande d'amis voyant le chalet ouvert, viennent me rendre visite, et se montrent d'une amabilité et d'une gentillesse un peu trop démonstratives pour des gens que j'avais encore vus la veille. - "Tiens, pensai-je, Sami, Kamal, Khalil, Joe, sont rudement gentils cet après-midi, que se passe-t-il? Ou plutôt que veulent-ils? "Je ne mis pas plus de cinq minutes pour me rendre compte que mon amie, figure non cataloguée parmi les jeunes Libanaises, était l'objectif visé (si j'ose m'exprimer ainsi!), car, ils nous demandaient déjà ce qu'on faisait ce soir. Comme vous le voyez, les jeunes gens libanais n'y vont pas par quatre chemins, et l'Occidentale exerce sur eux un étrange attrait. Rendez-vous pris, ce soir, 7h à la Discothèque.

On fait trempette et c'est le coiffeur qui recevra la dernière visite de la journée d'Arlette Beyrouthine. Là, nous avons l'embarras du choix en ce qui concerne les artistes capillaires (!), "André", spécialiste des chignons, "Sarkis" ou "Nazar" pour les cheveux courts, "Rambell", pour la teinture, je vous fais grâce des autres. – A 7 h, pomponnées, nous débarquons à la Discothèque, club privé parmi tant d'autres à Beyrouth, ou chaque membre à une clef de la porte d'entrée et pénètre comme chez lui, à partir de 6 h et jusqu'aux lueurs du jour. De la bonne musique sur disques, un grand bar, un restaurant, voilà un endroit de prédilection de la jeunesse libanaise. Nos amis sont là qui nous attendent. Fait très drôle, car à Beyrouth comme dans tous les pays orientaux, un rendez-vous à 7 h veut dire en général 8h. Un petit drink, et c'est au bord de la mer, à mi-chemin entre la plage et la ville, que nous allons dîner dans un de cette série de cafés ou l'arak-mezzés est roi.

Installées devant deux tables couvertes de petits plats divers, nous voici enseignant à Arlette l'art de manger avec les doigts, le pain arabe, pain sans mie, s'y prêtant facilement.

"Voila, tu coupes un morceau de pain assez grand, tu l'attrapes entre le pouce, l'index et le majeur, le faisant incliner légèrement vers l'extérieur, et d'un petit mouvement semi-circulaire, tu y loges (c'est le cas de le dire) la nourriture: c'est simple comme bonjour." Mais la pauvre Arlette ne pensait pas la même chose car, après deux ou trois essais infructueux où elle mangeait son pain plutôt imbibe d'huile que de "homos" ou de "taboulé", elle préféra attaquer de la fourchette plutôt que de rester sans diner.

Mais il est déjà 9h et comme nous devons encore monter à Aley, nous ferions mieux de nous dépêcher. Aley, à quelque vingt minutes de Beyrouth, est déjà à 800 mètres d'altitude. C'est le centre d'estivage du Moyen-Orient: Irakiens, Saoudiens, Egyptiens, Jordaniens viennent y oublier les chaleurs de leur pays respectif et se prélasser. Plusieurs cabarets, la "Piscine", "Bébert" passent des programmes de variété occidentaux, alors que d'autres, dont "Tanios", régalent les yeux des spectateurs par des danses orientales. Un petit tour dans ces divers établissements, et nous redescendons vers Beyrouth, toujours le vrai centre du "Liban by Night".

A l'Avenue des Français et dans ses environs foisonnent une quarantaine de cabarets pour tous les goûts et toutes les bourses. Nous dirigeant vers le Palm-Beach, c'est d'abord le "SS. Kit-Kat" et sa cave existentialiste, le "Tabou", puis le "Lido", "Eve" et son cabaret d'après-minuit, l'"Escale", puis c'est "Mansour", boîte exclusivement orientale, ou dans la fumée du narguilhé et l'euphorie de l'arak, se déhanchent plusieurs danseuses du ventre; dans une rue adjacente, l'"Eléphant Noir" et son "Black Bar" à la Dubout, puis après le Saint-Georges, le "Domino", les "Caves du Roy", la "Macumba", tous deux night clubs exclusivement de danse. C'est vers l'une de ces boîtes, dernière-née de cette pléiade de cabarets et donc enfant chérie des fêtards en attendant la prochaine, que nous nous dirigeons. Nous nous adonnons à la joie de la danse, quand Arlette, regardant sa montre, nous dit que l'heure de son avion approchait et qu'elle devait encore passer à son hôtel prendre ses bagages, d'autant plus que nous lui avions promis un "pèlerinage" à la fin de la soirée et qu'elle était curieuse de savoir ce que c'était. Nous quittons donc le night club, passons à l'hôtel, chargeons les bagages, et nous voilà en route vers la petite visite rituelle aux Libanais sortant une jeune fille. Tout d'abord, la Corniche, puis la route suivant la mer, et enfin la "Grotte aux Pigeons". Quatre ou cinq voitures étaient là, stationnant devant un beau clair de lune; musique douce, tout invitait au romantisme! Nous faisons comme eux et expliquons à Arlette que pas une soirée ne se termine sans que l'un ou l'autre de vos amis propose "n petit tour de corniche"… Ainsi une amie de passage à Beyrouth resta une semaine et les sept jours, sans exception, elle eut droit à son tour de corniche…

Mais si la Grotte peut attendre, l'avion, lui, s'en va, nous fait remarquer Arlette, et reprenant notre chemin, nous arrivons à Khaldé, l'aérodrome international de Beyrouth, orgueil national. Les mots "Bienvenue au Liban" inscrits au néon sur la façade du bâtiment central de l'aérodrome sont nos mots d'adieux à Arlette qui, une pointe de nostalgie déjà dans la voix, nous promet de revenir, disant qu'elle emporte un souvenir inoubliable de ses vingt-quatres heures au Liban.

Eliane Gebara - Hotels de Beyrouth
Thu Jan 24, 2013 11:03 am View user's profile Send private message Send e-mail Visit poster's website
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