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Apport des intellectuels Libanais... par Joseph Abou Nohra

 

 
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Apport des intellectuels Libanais... par Joseph Abou Nohra
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L’APPORT DES INTELLECTUELS LIBANAIS
A L’ORIENTALISME FRANÇAIS AU XVIIe SIECLE

LE ROLE DES ELEVES DU COLLEGE MARONITE DE ROME


Petit pays sur la carte du monde, le Liban a bien mérité à travers l’histoire, sa réputation de terre hospitalière aux rencontres et aux échanges. Dans la tourmente des adversités déchirantes, il a toujours su conserver les grandes valeurs de la diversité culturelle.

Situé à la pointe extrême du continent asiatique mais tourné par sa façade maritime vers l’Europe méditerranéenne, le Liban n’a pas failli à sa vocation de lien entre l’Orient et l’Occident, et de carrefour entre les idées et les hommes : carrefour, c’est-à-dire non seulement lieu de passage, mais aussi terre de rencontre, de communication et d’échange. René Habachi le qualifie de « dernière pointe de l’Orient et première marche de l’Occident »(1), et Maurice Dunand loue son rayonnement culturel : « Le Liban a toujours été plus grand que lui-même »(2).

Dans l’histoire de l’orientalisme européen, le rôle du Liban a été actif et effectif. Bien que faisant partie du monde arabe à majorité islamique, sa population multiconfessionnelle a toujours tenu des liens culturels privilégiés avec l’Occident. Les voyageurs européens qui, depuis les Croisades, ont été attirés par l’Orient, sont presque unanimes à relever la singularité du peuple libanais. Certes, depuis le Moyen Age, « l’Orient arabe avait à la fois fasciné et effrayé l’Occident. Mais l’étude en était entreprise dans un tout autre esprit : le monde arabe était pour la chrétienté un autre monde et une réplique de lui-même »(3). Cette image allait être modifiée dans un sens positif au XVIIe siècle, avec la contribution savante d’intellectuels libanais élèves du Collège Maronite de Rome (1584). Ils ont joué un rôle remarquable dans l’essor de l’orientalisme européen, plus particulièrement en Italie et en France, et ont contribué à changer les idées préconçues qu’avaient les Européens de l’Orient (4).

I- LES ORIGINES DE L’ORIENTALISME EUROPEEN ET LE COLLEGE MARONITE DE ROME

A la fin du Moyen Age, l’Europe était intéressée à l’Orient pour des causes qui avaient rapport avec ses convictions religieuses. Elle avait une attitude méfiante car elle voyait en son caractère essentiellement islamique un danger contre la chrétienté. La France s’est démarquée de cette attitude en établissant des liens diplomatiques avec l’Empire Ottoman.

1- Les origines de l’orientalisme en Europe

Les origines de l’orientalisme en Europe sont d’abord religieuses. C’est à l’initiative de la Papauté qu’ont été organisées les Croisades en direction de l’Orient. L’Europe chrétienne était soucieuse de « récupérer l’ensemble du bassin méditerranéen sur les Arabes, beaucoup plus à vrai dire que de libérer le tombeau du Christ »(5).

L’Occident a commencé à manifester un intérêt particulier pour l’Orient dès le Xe siècle. Cet intérêt s’est accentué au siècle suivant après le schisme de l’Eglise de Constantinople, en 1054. Désormais la Papauté et les Croisades eurent une préoccupation supplémentaire : faire face aux tendances schismatiques en latinisant les Eglises d’Orient. A l’époque, catholicisme était confondu avec rite latin et « on n’a admis qu’à regret les rites orientaux, dont l’antiquité, la beauté et la spiritualité auraient pourtant dû séduire »(6).

Après l’échec des Croisades, la Papauté a poursuivi son œuvre en Orient à travers les activités des Ordres missionnaires, principalement les Dominicains et les Franciscains, puis les Carmes et les Pères Jésuites. Les religieux occidentaux désireux de se consacrer aux missions en Orient, étaient invités à apprendre les langues orientales. Au Concile de Vienne en 1312, fut promulgué le statut prescrivant l’institution de professeurs spéciaux pour l’hébreu, le grec, l’arabe et le chaldéen dans les plus importantes universités catholiques à Paris, Bologne, Rome, Oxford et Salamanque (7). L’étude des langues orientales, et surtout l’arabe, s’avérait nécessaire pour communiquer avec les habitants autochtones afin de ramener les schismatiques à la foi catholique ou convertir les non chrétiens.

Parallèlement à cette mesure, il fut décidé de faire venir à Rome des jeunes gens destinés à la vie cléricale et sachant les langues des pays de missions afin de leur assurer une formation théologique sûre, conforme à la doctrine de l’Eglise catholique.

L’intérêt pour l’Orient et les études orientales allait connaître un essor nouveau après la conquête ottomane de Constantinople, des Balkans, et de tout le Proche-Orient avec les Lieux Saints chrétiens. La Papauté cherchait à mieux connaître l’Orient pour pouvoir affronter d’une façon plus efficace la menace turque, aussi bien en Orient qu’en Europe même (Cool. Par contre, l’intérêt de certains souverains européens pour les études orientales n’était pas seulement motivé par des causes à caractère religieux. Dans ses relations avec l’Empire Ottoman, la France se distança des autres pays d’Europe. Dès 1535, les Capitulations furent négociées entre le roi François 1er et le Sultan Salomon le Magnifique. Elles furent signées par Jean de la Forest, premier ambassadeur de France à Constantinople. Le Pape et les autres souverains européens avaient qualifié de scandaleuse cette alliance entre une puissance chrétienne et l’Empire Ottoman (9).

L’ambassade de France à Constantinople allait devenir un foyer de culture en faveur d’une nouvelle compréhension de l’Orient et de l’islam. Dès 1535, Guillaume Postel (1510-1581), fut envoyé à Constantinople avec l’ambassadeur de la Forest. Il repartit en Orient, en 1549, avec l’aide du nouvel ambassadeur Gabriel d’Aramon et ramena de ses voyages des manuscrits arabes et grecs. Le parcours de Postel sera suivi par d’autres savants (10).

Contrairement aux pèlerins, ces voyageurs nouveaux n’étaient plus poussés par leur foi mais par le désir de connaître. Les livres qu’ils publièrent à leur retour modifièrent l’image traditionnelle du Turc et du Musulman dans les milieux cultivés.

Au XVIe siècle, l’Europe catholique a été secouée par le mouvement de Réforme qui a donné naissance aux Eglises protestantes, et fait perdre une partie des Chrétiens à l’obédience du pape. La campagne menée par les Eglises réformées s’était étendue aux Eglises orientales orthodoxes. Pour remédier à cette nouvelle menace, la Papauté a convoqué le Concile de Trente (1545-1563) qui entreprit une réorganisation des cadres de l’Eglise catholique et décida la création, à travers l’Europe, de nouveaux collèges et séminaires pour assurer une formation solide au clergé catholique.

Déjà, en 1552, le pape Jules III avait créé à Rome le Collège Germanique destiné à « recruter des jeunes allemands et de les faire instruire à Rome pour les former à l’amour de la catholicité, en son centre »(12). La réussite du Collège Germanique poussa la Papauté à étendre l’expérience à d’autres nations et créer de nouveaux collèges : le Collège Grec en 1577, le Collège Anglais en 1579 et le Collège Maronite en 1584. Au XVIIe siècle on comptait déjà plus de trente Collèges Pontificaux répartis à travers les différents pays d’Europe (13).

2- Le Collège Maronite de Rome (1584)

En ouvrant le Collège Maronite de Rome, en 1584, le Pape Grégoire XIII entendait réaliser plusieurs buts : l’instruction de la jeunesse et la formation du clergé maronite, la possibilité d’atteindre les chrétiens arabophones d’un côté et les musulmans de l’autre, et la lutte contre les activités des missions protestantes en Orient.

Les bienfaits du Collège Maronite ne furent pas limités au domaine religieux. Ses élèves ont renoué le dialogue culturel entre l’Orient et l’Occident et ont contribué à une meilleure connaissance de l’Orient, que ce soit par leurs publications ou par l’enseignement des langues orientales dans les grands centres européens.

L’apport des élèves du Collège Maronite à l’orientalisme en Europe s’est manifesté d’abord en Italie, dans les Universités de Rome, de Florence, de Pise, de Livourne, de Padoue et de Venise. Ensuite en France où certains ont enseigné les langues orientales au Collège Royal, et ont publié des ouvrages et des traductions à caractère religieux, scientifique et littéraire.

Les élèves du Collège Maronite avaient bien mérité, à l’époque, leur réputation de grands savants dans les milieux orientalistes européens. On les citait pour référence et on disait : « savant comme un maronite ». C’est d’ailleurs cette réputation qui a été à l’origine de leur invitation en France.

II- L’APPORT DES LIBANAIS AUX EDITIONS ORIENTALES EN FRANCE

Dans le Couvent des Feuillants à Fontaine-lès-Dijon où est né, en 1091, le célèbre moine cistercien, Saint Bernard de Clairvaux, meurt, en 1648, un prêtre maronite du Mont-Liban.

Après une carrière brillante dans les milieux savants à Paris, il était venu terminer ses jours derrière les mêmes murs : c’est Gabriel Sionite, un des pionniers dans l’histoire de l’orientalisme français.

Plus de trois siècles plus tard, la France n’avait pas oublié les mérites de ce savant. Le 8 septembre 1982, Monsieur Jacques Chirac, maire de Paris, a présidé la séance inaugurale d’une plaque commémorative en hommage à son souvenir, au 23, quai d’Anjou, Ile Saint-Louis, Paris IV, où Sionite avait demeuré durant son séjour en France. En plus de son effigie, la plaque porte l’inscription : « En 1642 ici demeura le sieur Gabriel Sionite, maronite du Liban, professeur d’arabe au Collège de France ».

Quelle était donc la raison de la venue de Gabriel Sionite avec d’autres savants libanais à Paris ? Quel rôle ont-ils joué dans les échanges culturels entre l’Orient et l’Occident ?

1- Les Libanais et les débuts des éditions orientales en Europe

Un siècle avant la fondation du Collège Maronite de Rome, de jeunes Libanais venaient déjà en Italie, envoyés par le Patriarche maronite, pour y accomplir des études et suivre une formation cléricale.

A la fin du XVe siècle, frère Gryphon, franciscain, envoyé en mission par le Pape auprès des Maronites (1469-1470), a ramené avec lui à Rome un groupe de jeunes maronites dont le célèbre auteur et futur évêque Gibra’îl Ibn al-Qelâ’i (1450-1516). Un second groupe a été envoyé par le Patriarche Simon de Hadeth (1492-1524), et un troisième accompagna les deux pères jésuites envoyés en mission au Liban (1578-1579), Jean-Baptiste Eliano et Thomas Raggio. Le quatrième groupe a débarqué à Rome en 1581. Comme le Collège Maronite n’existait pas encore, les élèves étaient installés au Collège des Néophytes et suivaient les cours au Collège Romain (14).

L’intérêt pour les langues orientales était à ses débuts en Europe et il n’y avait qu’un nombre très réduit de personnes qui en avaient la connaissance. On avait eu recours aux premiers maronites venus à Rome pour initier des intéressés aux langues syriaque et arabe. Ce fut une des raisons qui avaient poussé Gebra’îl Ibn al-Qelâ’i à rester plus de vingt ans à Rome avant de rentrer au Liban.

Le premier évangéliaire syriaque imprimé en Europe est celui de Widmanstad. Il fut édité à Vienne, en 1555. Des religieux maronites avaient été mêlés d’une façon indirecte à l’accomplissement de cette œuvre (15).

Au Concile de Latran en 1515, le Patriarche maronite était représenté par trois légats : le prêtre Joseph, le diacre Moïse et le sous-diacre Elie. Un prince dalmate, Thésée Ambrosius s’était mis à leur école pour apprendre le syriaque. Il le posséda à merveille et se fit religieux. Or c’est par Ambrosius que Jean-Albert Widmanstad a été initié à la langue syriaque. Il a eu la possibilité de l’approfondir avec Siméon « évêque syrien du Liban ». Dans le postface de l’évangéliaire, Widmanstad indique que les manuscrits qu’il avait reçus des légats maronites au Concile de Latran par l’intermédiaire d’Ambrosius, lui ont été d’une grande utilité dans la traduction du texte (16).
Sur les mille évangéliaires syriaques imprimés, Widmanstad a envoyé trois cents aux deux patriarches maronite et syriaque d’Antioche.

Avant d’être appelés à Paris, les Libanais avaient déjà fait leurs preuves dans la typographie des premières éditions orientales à Rome. Yacqoub Qamar (dit Jacques Luna) qui a fait partie de la première promotion des élèves du Collège Maronite en 1584, a travaillé comme imprimeur à la Typographie Orientale des Médicis (17). Il y avait composé toutes les impressions arabes et syriaques parues entre 1590 et 1594. A cette époque, seule l’imprimerie médicéenne assurait en Europe l’impression des livres orientaux.

Devenu célèbre, Jacques Luna a fait carrière tout seul et a installé sa propre imprimerie à Rome, en 1595 : la Typographia Lingarum Externarum. Il a imprimé cinq ouvrages dont, en 1596, une grammaire syriaque de Girgis ‘Amîra, élève du Collège Maronite et futur patriarche.

Sur ordre du Pape, une imprimerie orientale fut installée au Collège Maronite entre 1614 et 1617. Des Libanais y ont participé à l’édition d’ouvrages à caractère religieux ou linguistique en langues arabe et syriaque (1Cool. Gabriel Sionite et Victorius Scialac s’étaient déjà fait une réputation à Rome. Ils avaient composé un dictionnaire arabe-latin qui fut édité par Jean-Baptiste Duval à Paris, en 1612 (19).

2- Sionite et Scialac traducteurs des premiers livres arabes édités par de Brèves à Rome

Avec la Renaissance, l’Europe redécouvre de nouvelles frontières culturelles qui vont jusqu’au-delà de la Méditerranée. Il ne s’agit pas seulement des limites atteintes par l’expansion gréco-romaine. L’histoire du phénicien Cadmus, inventeur de l’alphabet, remise en honneur au moment des Croisades, connaît auprès des humanistes un grand succès (20).

Avec le rétrécissement de ses frontières politiques après les conquêtes ottomanes, l’Europe se sent une culture méditerranéenne que l’on tente de concilier avec la culture chrétienne. Humanistes et voyageurs français « vont retrouver les témoignages monumentaux d’un passé commun et vont partir à la recherche des manuscrits de l’antiquité » (21).

François Savary de Brèves, grand pionnier des éditions orientales en France, a connu l’Orient de très près puisqu’il y a passé 22 ans dont 13 ans ambassadeur de France à Constantinople (1592-1604). Au retour de Constantinople, il a fait un voyage en Méditerranée et visité le Mont-Liban. A son arrivée à l’échelle de Tripoli, il a gagné Qannoubine pour rencontrer le Patriarche Maronite et visiter les fameux cèdres du Liban. Ayant pris conscience des dangers qui menacent la présence chrétienne dans cette région, il a écrit à ce propos : « Le peuple dudit Mont-Liban que l’ont dit Maronite, reconnaît l’Eglise catholique apostolique et romaine, je le fortifiai à continuer cette observance autant qu’il leur serait possible » (22).

De Turquie, de Brèves avait ramené une centaine de manuscrits arabes et persans qui contenaient « toutes les sciences de ces nations ». Il envisageait de grands projets pour transmettre ces connaissances à l’Europe savante. Il fallait pour cela rendre ces manuscrits compréhensibles et accessibles. Il avait besoin de spécialistes dans les langues orientales et dans l’art typographique, et c’est à des élèves du Collège Maronite de Rome qu’il va demander concours.

Après un séjour de quatre ans en France, Savary de Brèves a été nommé ambassadeur à Rome, en 1608. C’est là qu’il a commencé à mettre en exécution ses projets d’éditions orientales. Pour cela il a demandé la collaboration de Gabriel Sionite et Victorius Scialac qui s’étaient distingués à Rome comme linguistes. Il en parle dans sa lettre adressée à Jacques Auguste de Thou, conseiller d’Etat et bibliothécaire du roi : « J’ai retiré chez moi deux chrétiens maronites, de ceux qui vivent dans le Mont-Liban et qui par conséquent savent la langue arabique avec leur langue paternelle. Ils ont fait leurs études en cette ville dans un collège que les défunts saints Pères les Papes ont fondé à cet effet de sorte qu’ils sont passés docteurs en philosophie et théologie »(23). Savary de Brèves demande à de Thou son soutien pour la réussite des projets qu’il entend réaliser avec Sionite et Scialac.

Dans sa lettre à de Thou, de Brèves fait mention d’une « haute entreprise » qu’il cherchait à réaliser. Installer à Rome une imprimerie pour des éditions orientales, la « Typographia Savariana ». Il avait l’intention de publier, en premier lieu, un dictionnaire arabe-latin-italien, mais la priorité fut donnée à deux livres à caractère religieux traduits par Gabriel Sionite et Victorius Scialac : La Doctrina Christiana du Cardinal Robert Billarmin et un Psautier.

La Doctrina Christiana (1613) a paru sous deux formes. La première contient le texte arabe seul non vocalisé. La seconde contient le texte arabe vocalisé et sa traduction latine. Sionite et Scialac indiquent dans leur préface que le texte arabe est « pour envoyer aux Chrétiens de Levant… il n’y a point de traduction parce qu’elle n’est pas nécessaire en ce pays là ». Le texte arabe vocalisé avec sa traduction latine s’adresse surtout aux Européens. Les traducteurs font savoir qu’ils ont vocalisé l’arabe et ajouté une version latine pour permettre d’apprendre l’arabe à tous ceux, nombreux, qui en ont manifesté le désir (24).

Le Psautier arabe qui parut au début de 1614, devait sortir avant la Doctrina Christiana. Mais, à l’initiative du Pape Paul V, la priorité a été donnée à cette dernière pour satisfaire les demandes des Eglises d’Orient, surtout l’Eglise Copte d’Egypte.

Le document original auquel ont recours Sionite et Scialac pour la traduction du Psautier est un manuscrit arabe qui fut envoyé à Rome par le patriarche maronite en vue de son impression. Ce manuscrit se trouve à la Bibliothèque Vaticane (Manuscrits arabes, n 584), et porte la mention : « Le patriarche de Qannoubine a envoyé ce livre à Rome pour qu’il soit imprimé ». Il fut conservé à la bibliothèque du Collège Maronite avant son transfert à la Vaticane.

Comme le catéchisme de Bellarmin, le Psautier a été imprimé en deux versions, l’une tout en arabe, l’autre bilingue (arabe-latin). La version arabe était réservée aux Chrétiens du Levant. Mais la plupart des exemplaires furent imprimés avec la version latine et destinés à l’Europe.

Pour les Chrétiens d’Europe, l’utilité de la version bilingue était double : ils pouvaient y avoir recours pour étudier les versions orientales de la Bible et pour utiliser le texte comme manuel de langue. Pour les arabisants, le texte était vocalisé alors que ceux publiés jusque là ne le furent pas. Ce Psautier vocalisé a reçu une bonne audience dans les milieux arabisants en France et ailleurs en Europe. Erpenius (Thomas Van Erpe), qui avait été le premier à imprimer un texte du Coran en arabe (Histoire de Joseph, Leyde, 1617), recommande aux arabisants l’étude de ce Psautier, et Jean-Baptiste Duval en a tiré un dictionnaire latin-arabe qu’il publia à Paris en 1632 (25).

Dans une lettre à de Thou, datée du 23 janvier 1613, de Brèves exprime sa volonté d’imprimer 3000 exemplaires du Psautier et non 6000 comme il souhaitait avant. De Thou l’avait mis en garde de ne pouvoir vendre toute la quantité « … en France et en Allemagne il ne s’en pourra débiter que mil ou douze cents… »(26).

La correspondance de de Brèves avec de Thou prouve que les caractères orientaux utilisés dans l’impression, ont été gravés à Rome : « J’ai depuis mon séjour en cette ville fait travailler soigneusement à des caractères arabesques, persiens et chaldéens pour pouvoir imprimer ces trois langues »(27). Les caractères arabes dont la beauté fait toujours l’admiration, n’avaient pas d’équivalent. Ils ressemblent beaucoup à la calligraphie du manuscrit arabe du Psautier (Bib. Vaticane, n° 584) qui avait été copié à Qannoubine et envoyé à Rome. On ne s’étonnera pas à ce que ce beau manuscrit ait servi de modèle à de Brèves pour faire graver les caractères arabes.

Les autorités pontificales avaient chargé trois censeurs pour contrôler le texte du Psautier avant de le passer sous presse. Les deux premiers sont des élèves du Collège Maronite, dont Jean Hesronite, et le troisième n’est autre que le cardinal Billarmin qui atteste dans son imprimatur « dans cette version des Psaumes de la langue arabe traduits en latin il n’y a rien qui aille contre la vérité de notre Vulgate et contre le texte hébreu ou grec »(2Cool.

A l’inspiration de Savary de Brèves, Gabriel Sionite et Victorius Scialac dédient les Psaumes à Louis XIII. De Brèves n’avait fait imprimer la préface qu’après avoir reçu un avis favorable de de Thou car il prévoyait rentrer en France au printemps de 1614 et il préparait le terrain pour obtenir une pension royale lui permettant d’emmener avec lui ses deux collaborateurs maronites.

3- L’apport des Libanais aux éditions orientales en France

Savary de Brèves appréciait à sa juste valeur la qualité du travail assuré par Sionite et Scialac et il tenait à préserver leur coopération. Il semble qu’ils aient été sollicités par l’Espagne où des allocations alléchantes leur furent offertes. De Brèves fait part de son inquiétude à de Thou : « Le pire est que les Espagnols ont envie de mon labeur et traitent de débaucher les deux pères maronites qui me servent, leur ayant offert cent écus par mois pour aller en Espagne. S’il ne plaît à leurs Majestés de leur donner quelques honnêtes pensions, je les perdrai et par conséquent mon dessein demeurera imparfait… Faîtes réussir ce bon œuvre s’il vous plaît… »(29).

De Brèves était convaincu que les deux impressions arabes faites à Rome n’étaient pour lui qu’un « coup d’essai ». Son grand projet de publications orientales, il souhaitait le mettre en exécution à Paris. Il avait demandé son rappel en France dès octobre 1612 mais Marie de Médicis lui recommanda de rester en poste à Rome jusqu’au printemps de 1614.

a- Les projets orientalistes de de Brèves et des Maronites en France

Avant de rentrer en France, de Brèves caressait déjà le projet de créer à Paris un collège pour enseigner les langues orientales, auquel serait jointe une imprimerie polyglotte. Les langues enseignées seraient surtout l’arabe, le turc et le persan. Une importance moindre était accordée au syriaque car il le considérait comme une langue plutôt liturgique. Il se souciait surtout de la communication à l’Europe savante « de toutes les sciences de ces trois nations », arabe, persane et turque.

De Brèves jugeait nécessaire le concours de ses collaborateurs maronites pour assurer la réussite du collège proposé. Il écrit à de Thou qu’il pense leur en confier la régence ; qu’il a « par les mains deux chrétiens du Mont-Liban que l’on nomme vulgairement Maronites… Ils ont pour langue maternelle le chaldée et l’arabesque. Il y a moyen de les avoir pour les faire régents du collège prétendu pour la facilité des langues orientales »(30).

Les dépenses nécessaires pour l’établissement du collège prévu étaient estimées par de Brèves à deux ou trois milles écus. Il juge ces dépenses raisonnables par égard à l’utilité du projet et au prestige que l’ont peut en tirer : « L’Université de Paris en recevrait de l’honneur et le christianisme de l’utile… ». De Thou semble avoir été favorable mais le cardinal Du Perron, directeur du Collège Royal et membre du Conseil de Régence, eut une attitude négative. Le projet du collège de langues orientales ne trouva pas de suite. L’amertume de de Brèves fut grande car il pensait qu’un tel collège aurait rendu de grands services à la France, non seulement dans la communication des sciences des nations orientales, mais aussi dans la formation d’interprètes indispensables pour la correspondance diplomatique, les ambassades et les commerçants français dans l’Empire Ottoman. Les orientalistes français tireraient aussi grand profit car ils étaient jugés par de Brèves peu compétents, « ils se trompent et trompent autrui »(31).

Gabriel Sionite et Victorius Scialac n’étaient pas moins déçus que de Brèves. Ils étaient aussi enthousiastes que lui pour la création à Paris d’un collège de langues orientales avec une typographie polyglotte. Ils avaient écrit au cardinal Du Perron et à Jacques de Thou pour le projet d’un collège à Paris. Mais il y avait une différence de conception entre le projet proposé par de Brèves et celui des deux Maronites.

Sionite et Scialac voulaient créer à Paris un collège réservé aux élèves maronites. Il serait une réplique du Collège Maronite de Rome et donnerait la priorité à la défense de l’orthodoxie, alors que de Brèves visait surtout à rendre les langues orientales familières en Europe et faciliter l’accès aux écrits scientifiques. Il voulait, par conséquent, un collège ouvert à tous les européens. Mais ni l’un ni l’autre projet ne fut retenu et on se contenta d’élargir l’enseignement des langues orientales au Collège de France.

Il resta néanmoins une réalisation partielle du projet de de Brèves avec la nomination des deux Libanais, Jean Hesronite comme interprète du roi, et Gabriel Sionite comme professeur d’arabe et de syriaque au Collège Royal. Ils pouvaient à ce titre, aider dans les traductions et les éditions orientales en France. La nomination de Gabriel Sionite devait avoir une conséquence importante : l’enseignement de l’arabe au Collège Royal par des maronites libanais pendant tout le XVIIe siècle.

b- Les Libanais et les éditions orientales en France

Le projet de créer un collège indépendant de langues orientales n’ayant pas été retenu, de Brèves s’est appliqué à instituer une imprimerie polyglotte spécialisée dans les éditions orientales. Les circonstances à Paris lui furent favorables. Sur le plan politique et social, il avait bonne situation : il était gouverneur de Gaston d’Orléans, frère maintenant unique du roi, et avait les faveurs de Marie de Médicis et des Concini qui avaient alors tous les pouvoirs. Il bénéficiait aussi de l’appui du président de Thou, son parent par alliance car il était marié à sa cousine germaine. Sur le plan professionnel, il avait de collaborateurs compétents : deux Libanais maronites, Gabriel Sionite et Jean Hesronite. Ce dernier avait remplacé Victorius Scialac resté à Rome. Il avait aussi le turc Husein de Buda et l’italien Stefano Paolini, son imprimeur de Rome, qui, en France, se fit appeler Etienne Paulin.

De Brèves avait moins de dépenses à assurer à Paris car Sionite et Hesronite n’étaient plus à sa charge. Sur l’intervention du cardinal Du Perron qui fut le protecteur des Maronites à Rome, il a pu leur obtenir du roi Louis XIII, une pension de six cents livres à chacun. Elle leur fut accordée le 24 janvier 1615 (32).

La presse et les différents outils de l’imprimerie orientale de de Brèves furent installés au Collège des Lombards, rue des Carmes à Paris. C’est là où habitaient Sionite et Hesronite, traducteurs et correcteurs de textes, ainsi que l’imprimeur Etienne Paulin. Ce dernier a eu le soin de former un imprimeur parisien, Jérôme Blageart pour l’aider dans les impressions en langues orientales.

Au début de 1616, Blageart a pris la relève totale de Paulin. Ce dernier retourna à Rome où il travailla à l’imprimerie du Collège Maronite avant d’entrer au service de l’imprimerie de la Propagande. Les raisons de ce départ ne sont pas connues (33). Jérôme Blageart était devenu le premier imprimeur français à imprimer en langues orientales.

Pour bien marquer le caractère polyglotte de son imprimerie en France, Savary de Brèves lui fit changer de nom. Ce n’est plus la « Typographia Savariana » qui n’avait imprimé qu’en arabe à Rome. Elle s’appelle désormais l’« Imprimerie des langues orientales arabique, turquesque, persique… ». Les trois points de suspensions laissent supposer la possibilité future pour les impressions syriaques, hébraïques ou autres. Il entendait laisser la porte ouverte à toute éventualité.

De Brèves était intéressé à publier en premier lieu des livres qui s’adressent au public savant. Les érudits le pressaient pour éditer les manuscrits orientaux qu’il avait ramenés de Constantinople. C’est pour cette raison qu’il avait confié ces manuscrits à Sionite et Hesronite afin de les examiner et lui proposer les priorités de publication(34).

Au début du XVIIe siècle, la France s’intéressait de plus en plus à l’Orient. La Cour royale était sensible à une meilleure connaissance des peuples et de leur culture. Gabriel Sionite avait été nommé au Collège Royal non seulement pour enseigner, mais surtout pour faire la traduction de manuscrits orientaux et veiller à leur publication. Un brevet du roi, en date du 17 janvier 1618, porte sa pension de 600 à 2000 livres par an pour lui permettre de se consacrer davantage à la traduction. Le roi justifie cette augmentation par son désir du « bien public » (35). Le brevet du roi indique qu’en plus de l’arabe et du syriaque, Sionite connaissait bien le turc. D’ailleurs, la première publication de l’imprimerie des langues orientales à Paris allait être la traduction du traité signé en 1604 entre le roi Henri IV et le Sultan Ahmad. Il sera suivi par des publications arabes composées ou traduites par Sionite et Hesronite.

Par ordre chronologique de parution, les publications de l’imprimerie de de Brèves à Paris auxquelles ont collaboré des Libanais, se présentent comme suit :

1615- Articles du traité fait en l’année 1604 entre Henri le Grand, roi de France et de Navarre et le Sultan Amat (Ahmad), empereur des Turcs, par l’entremise de François Savary, seigneur de Brèves.
Le texte est bilingue, turc et français. La traduction est de Husein de Buda, avec la collaboration de Sionite et de de Brèves. C’est le premier livre turc imprimé en France. A part les politiques, ce livre s’adresse surtout aux commerçants dans les échelles sous contrôle ottoman, aux pèlerins de Terre Sainte, et aux voyageurs qui se rendent dans l’Empire Ottoman. Il leur fait connaître les protections auxquelles ils pouvaient prétendre selon cette nouvelle formule modifiée des Capitulations de 1536.

1616- Grammatica Arabica Maronitarum de Gabriel Sionite et Jean Hesronite.
C’est un manuel pour la lecture de l’arabe qui représente un immense progrès par rapport à la première grammaire arabe publiée en France par Guillaume Postel en 1543. Cette publication constitue le premier de cinq volumes promis par les auteurs. Mais Sionite et Hesronite, pris par d’autres publications ont tardé à terminer les quatre volumes prévus. Le succès de la grammaire arabe publiée par Erpénius chez Antoine Vitré, en 1639 à Paris, les dissuada de poursuivre leur œuvre. Leur grammaire restera inachevée.
Le premier volume paru est dédié aux deux protecteurs de Sionite et de Hesronite, le cardinal Du Perron et le Président Auguste de Thou. Dans la préface, les auteurs exposent les raisons qui justifient la nécessité pour les Européens d’apprendre la langue arabe, qu’ils soient savants, orientalistes chrétiens ou commerçants.
Les auteurs signalent que pour le public savant, l’arabe a une double utilité. La possibilité de lire les auteurs arabes qui apportent des connaissances nouvelles dans tous les domaines, ainsi que la lecture des traductions faites par les arabes aux écrits des anciens auteurs latins et grecs. Des textes antiques disparus, n’existent qu’en version arabe. Pour les orientalistes chrétiens, la connaissance de la langue les aide à trouver dans la clarté des textes arabes et syriaques de la Bible, des arguments pour dénoncer les fausses interprétations des Protestants aux passages obscurs des Ecritures Saintes. Pour les missionnaires et les marchands, l’arabe facilite la communication directe et les échanges avec les peuples de l’Orient.
Sionite et Hesronite terminent leur préface par un éloge de la langue arabe en lançant un adage stimulatif : « Je suis fier de savoir l’arabe (me Arabicum scire laetor) ». Ils insistent sur la richesse de cette langue qui est à l’origine du nom du dictionnaire, le « Kamous » qui signifie « le vaste océan »(36).

Après 1616, Savary de Brèves a connu des difficultés qui lui firent abandonner les projets des éditions orientales. Il cesse d’être le précepteur du frère du roi. Ses deux protecteurs de Thou et Du Perron meurent successivement, le 7 mai 1617, et le 5 septembre 1618. Sionite et Hesronite sont délogés du Collège des Lombards. C’est probablement à cette date que Sionite a élu domicile au 23 quai d’Anjou, dans l’Ile Saint-Louis (37). De Brèves se retire de la vie publique. Il avait été très secoué par l’assassinat de Concino Concini (dit le maréchal d’Ancre) à l’instigation du duc de Luynes (le 24 avril 1617) et par l’exil à Blois de Marie de Médicis dont il avait les faveurs (3Cool. L’imprimerie des langues orientales est fermée. Le Collège des Lombards ne veut plus abriter les ateliers de de Brèves. Son imprimeur Jérôme Blageart s’installe en 1619 au Collège de Reims. La Grammatica Arabica Maronitarum fut le dernier ouvrage sorti avant la fermeture de l’imprimerie.

Encouragé par le soutien du roi qui avait augmenté leur pension en 1618, Sionite et Hesronite se décidèrent à prendre la relève de de Brèves pour être éditeurs à leur propre frais. Ils reçurent aussi l’appui de l’Assemblée du Clergé de France réunie à Blois. De Brèves leur avait laissé avec ses manuscrits, les matrices des caractères arabes et syriaques. Il leur fallait choisir une nouvelle édition à moindre frais. Ce fut la Geographia nubiensis.

1619- Geographia nubiensis. C’est une version latine de l’ouvrage arabe que l’écrivain andalou al-Idrissi avait composé pour le roi de Sicile, Roger II, en 1154, et qui fut imprimé à Rome en 1592, à l’imprimerie des Médicis. L’auteur du manuscrit arabe n’étant pas identifié à l’époque, il fut attribué à un Nubien à cause d’une faute de copiste d’un passage sur le Nil où l’on trouvait « ce fleuve divise notre pays » au lieu de « ce pays ».
Ce livre a été édité aux frais de Sionite et Hesronite. Il fut imprimé à Paris par Jérôme Blageart pour qui ce fut la dernière impression orientale.

Sionite et Hesronite ont dédié leur ouvrage au chancelier Guillaume Du Vair, philosophe et traducteur d’Epictète, de Démosthène et de Cicéron. Cette dédicace était censée leur assurer une bonne distribution du livre.

Les traducteurs ont publié à la suite du texte d’al-Idrissi un supplément de leur composition qui constitue une actualisation des connaissances d’al-Idrissi sur l’Orient. « Au livre de géographie classique ils ajoutaient un livre de géographie contemporaine et s’assuraient ainsi le public des livres de voyage »(39). Le supplément de 54 pages a connu beaucoup de succès. Il est significatif qu’à l’époque, les Hollandais n’ont réimprimé que ce supplément dans un livre en format de poche.

Les auteurs du supplément font la description des régions et des localités importantes du Moyen-Orient. Ils se basent sur des sources arabes pour la description de l’Arabie, la Mésopotamie et la Syrie sans faire pour autant un simple travail de compilation. Ils y exposent la religion, les mœurs et les caractères des habitants et consacrent une partie à l’islam et à son attitude vis-à-vis de Dieu, du Christ et de la Sainte Vierge.

Les chapitres les plus personnels et les plus remarquables sont sur le Liban et les Maronites (chap. 6, p. 14-17) et sur Tripoli (chap. 10, p. 31-35). Ils y décrivent les cèdres, la résidence du Patriarche maronite à Qannoubine, la production du vin, l’élevage du ver à soie et les bains de Tripoli. Les auteurs profitent de l’exposé géographique pour affirmer la perpétuelle orthodoxie de l’Eglise Maronite et sa fidélité à Rome (p. 16).

Les chapitres sur la description du Liban ont l’avantage d’être écrits par des Libanais dans la langue savante des Européens. Ils ont été jugés par leurs contemporains plus importants que les descriptions des meilleurs voyageurs de l’Orient.

La Geographia nubiensis connut beaucoup de succès en Europe. Les milieux savants encouragèrent Sionite et Hesronite à éditer d’autres ouvrages de même nature. Ce souhait était difficile à exaucer car les conditions devenaient moins favorables aux éditions savantes. En France, le clergé pressait les deux savants maronites à se consacrer davantage aux éditions à caractère religieux et notamment à la traduction de l’Ancien Testament en arabe et en latin en vue de l’édition de la Bible Polyglotte à Paris.

Il était difficile à Sionite et Hesronite de continuer les publications orientales savantes à leurs propres frais après la mort de leurs protecteurs de Thou et Du Perron, et l’éclipsement de de Brèves de la vie publique, d’autant plus que le projet de la Bible Polyglotte tardait à démarrer. Sionite pouvait continuer à enseigner au Collège Royal mais Hesronite s’est trouvé dans un état précaire qui le dissuada de rester en France. En 1622 il décide de rentrer définitivement au Liban (40).

Désormais Sionite se trouve seul à Paris. Il effectue un second voyage à Rome après celui de 1617. Nous supposons qu’il l’a fait dans l’intention de trouver un remplaçant à Hesronite. Mais il regagne Paris seul après avoir été ordonné prêtre et se décide à reprendre les éditions orientales à caractère religieux.

1625- Psautier, publié par Gabriel Sionite à ses frais. Texte syriaque avec une traduction latine. La page de titre le proclame « être très utile à ceux qui étudient l’Ecriture et la langue syriaque ». Dans les pièces liminaires il y a deux poèmes latins qui font l’éloge de Sionite et de son œuvre. Le premier est de Frédéric Morel, titulaire de la chaire d’éloquence latine au Collège Royal. Le second est de Jean-Baptiste Poyson, avocat et homme de lettres et de sciences. L’ouvrage est dédié à M. de Vic, conseiller d’Etat, abbé du Bac, archevêque de Corinthe et coadjuteur de l’archevêque d’Auch (41).

1628- De Sapientia Divina (La Sagesse Divine) de Barhebraeus, édité et traduit du syriaque en latin par Gabriel Sionite. Le livre fut publié avec la mention « auteur inconnu » car on n’avait pas encore découvert que le texte était écrit par Barhebraeus. L’imprimeur de cet ouvrage est Antoine Vitré (42).

A part la Bible Polyglotte pour laquelle il avait assuré des traductions, la Sagesse Divine a été le dernier livre édité par Sionite à Paris. Il fut sollicité par la Propaganda Fide pour aller à Rome et travailler en faveur des éditions catholiques. Sionite déclina l’offre et préféra rester à Paris pour garder sa pension de Titulaire de chaire au Collège Royal, et pour participer à l’édition de la Polyglotte dont le projet tant espéré allait enfin démarrer en 1628, avec le trio Guy-Michel le Jay, Antoine Vitré et Gabriel Sionite. Ce dernier est chargé d’assurer les livres arabes et syriaques avec leur traduction latine.

Après la mort de Savary de Brèves survenue en 1628, Sionite a eu des démêlés avec Antoine Vitré qui, en 1632, acheta aux héritiers de de Brèves les caractères de la presse et la collection de manuscrits orientaux. Sionite était devenu seul dépositaire de ces manuscrits après le départ de Hesronite en 1622. En outre, Le Jay reprochait à Sionite sa lenteur dans les traductions de la Polyglotte.

Les démêlés de Sionite avec Vitré et Le Jay le conduisirent à la prison au Château de Vincennes, au début de 1640. Sa séquestration a duré trois mois. Il ne fut relâché qu’après avoir signé un document où il promet d’honorer ses engagements envers Le Jay. Six de ses amis s’étaient portés garants pour assurer sa libération (43).

Pendant la séquestration à Vincennes, Vitré avait reçu du roi l’ordre de saisir les manuscrits au domicile de Sionite. Après leur saisie en la présence du commissaire Boissy, Vitré n’a pu en prendre possession. Le cardinal de Richelieu avait réclamé leur livraison et ils furent transportés dans son palais. Il les garda dans sa bibliothèque privée après les avoir fait relier en maroquin rouge avec la marque de ses armes.

A la mort de Richelieu, en 1642, les manuscrits passèrent à son héritière, la duchesse d’Aiguillon, puis à la Bibliothèque de la Sorbonne, et enfin à la Bibliothèque Nationale. Reliés toujours aux armes de Richelieu, on retrouve sur chacun le paraphe de Boissy, commissaire au Châtelet, qui avait fait la saisie au domicile de Sionite, en 1640.

Accablé par les soucis et par le poids de l’âge, Sionite ne pouvait plus répondre à toutes les exigences de son travail à la Polyglotte. Richelieu fit venir un autre libanais pour compléter les traductions arabes et syriaques. Ibrahîm al-Hâqlani dit Abraham Ecchellensis, vint à Paris vers la fin de l’année 1640 et y resta jusqu’en décembre 1641. En plus de son travail à la Polyglotte, Ecchellensis a fait imprimer à Paris un ouvrage sur la pensée philosophique arabe.

1641- Synopsis propositorum sapientiae arabum philosophorum. (Précis de la sagesse philosophique arabe). C’est le premier ouvrage traduit de l’arabe en latin par Ecchellensis. Il en avait fait la traduction pendant son séjour à Rome, en 1637. L’ouvrage imprimé par Antoine Vitré à Paris, contient le texte arabe avec la traduction latine en regard. Dans la dédicace à Richelieu, Ecchellensis glorifie les exploits du cardinal dans les faits de guerre et dans la défense de la foi catholique. Il loue son mérite d’avoir empêché les Protestants « hérétiques » d’acquérir les caractères orientaux de l’imprimerie de de Brèves (44).

1628-1645 La Byble Polyglotte

Œuvre monumentale qui a nécessité dix-sept ans de travail pour qu’elle soit sortie au complet en neuf tomes divisés en dix volumes. Quatre Libanais, anciens élèves du Collège Maronite, ont travaillé aux textes arabes et syriaques : Gabriel Sionite, Jean Hesronite, Abraham Ecchellensis et Victorius Scialac.
Jean Hesronite avait participé avec Sionite à la traduction de quelques textes de l’Ancien Testament alors que tous les deux étaient encore à Rome.
Abraham Ecchellensis travailla le livre de Reuth en syriaque et en arabe avec une seule version latine, et le troisième livre des Macchabées en version arabe.
Gabriel Sionite corrigea les textes arabes et syriaques de l’Ancien et du Nouveau Testament excepté les textes travaillés par Ecchellensis. Il traduisit du syriaque au latin:

-Le Pentateuque, Les Livres de Josué, des Juges et des Rois.
-Le Livre d’Esdras et une seule version de Job.
-Les Livres de Salomon (de l’arabe).
-Les Grands et les Petits Prophètes, un livre des Macchabées.
-Les Actes des Apôtres.
-Les Psaumes déjà traduits et publiés à Rome, en 1614, en collaboration avec Victorius Scialac.

1646- Semita sapientiae sive ad scientias comparandas methodus. C’est un petit traité de sagesse musulmane composé en arabe au XIIIe siècle, par Bourhân al-Dîne al-Zarnouji. Il a été traduit en latin par Echellensis et imprimé à Paris chez Adrien Taupinard. Le traducteur n’avait pu, à l’époque, identifier l’auteur de ce manuscrit qui faisait partie de la collection privée du cardinal Mazarin. Ecchellensis dédie l’ouvrage au chancelier Séguier.

L’auteur de ce recueil d’adages, exhorte les musulmans à étudier les lettres et les sciences qui constituent un facteur de progrès. En le traduisant, Ecchellensis a voulu combattre le préjugé des Européens qui s’imaginaient que l’islam défendait l’étude des lettres. Il était soucieux de transmettre aux Chrétiens de l’Europe, l’image éclairée de l’islam.

Ecchellensis n’a pas fait une traduction littérale du texte arabe. Il l’a enrichi de précieuses remarques qui éclairent la pensée de l’auteur.

1647- De proprietatibus ac virtutibus Medicis Animalium, Plantarum ac Gemmarum, Tractatus Triplex. L’auteur de cet ouvrage traduit par Ecchellensis, est Abdel-Rahmân Ibn Abou Bakr al-Souyouti.

Par la traduction de ce manuscrit, Ecchellensis visait à transmettre à l’Europe savante un aspect de la science des arabes. Le livre traite des caractères spécifiques des animaux, des plantes et des pierres précieuses. La traduction est dédiée à François Vattier, médecin du roi et arabisant (45).

Dans les traductions destinées à l’Europe savante, Ecchellensis a réalisé le programme que s’étaient donné Sionite et Hesronite dans la préface de la Grammatica Arabica Maronitarum (1616). Ces traductions à caractère scientifique varient entre le traité de sagesse musulmane et le livre du mathématicien grec Appolinius de Perga, « Les Coniques », qu’il fit publier à Florence, en 1661 (46).

III- LES LIBANAIS PROFESSEURS DE LANGUES ORIENTALES AU COLLEGE ROYAL

La première chaire d’arabe en France est celle fondée par Henri III au Collège Royal (actuellement Collège de France), en 1587. Mais, faute de professeurs compétents, cette chaire resta pour le moins imaginaire jusqu’à l’arrivée des Libanais en France. Les premiers professeurs royaux attribués à cette chaire étaient des médecins français qui avaient des connaissances sommaires de l’arabe. Désormais, ils vont être relevés par des linguistes spécialisés, auteurs de manuels de grammaire arabe.

Au XVIIe siècle, trois Libanais se sont succédés dans l’enseignement de l’arabe et du syriaque. Le syriaque était traité de chaldéen par les européens, bien que des nuances devraient être apportées entre les deux langues.

Gabriel Sionite est le premier Libanais qui a occupé la chaire d’arabe en 1614. Il a fait une longue carrière de professeur et y a assuré l’enseignement de l’arabe et du syriaque jusqu’à sa mort, en 1648.

Abraham Ecchellensis a accédé, en 1645, à la seconde chaire d’arabe au Collège Royal, et qui fut jadis occupée successivement par Jean Martin et Antoine Le Rat. Il a aussi enseigné le syriaque jusqu’à son retour à Rome en 1653.

Sarkis al-Jamri dit Gamerio, a succédé à Sionite, en 1648, à la seconde chaire d’arabe. Il a assuré l’enseignement jusqu’en 1658 et fut remplacé par Pierre Vattier.

A signaler qu’un quatrième maronite d’origine alépine a été professeur au Collège Royal dès 1667, mais les archives n’indiquent pas la durée de son enseignement.

Les archives du Collège ne donnent pas beaucoup de renseignements sur le nombre des élèves, les méthodes pédagogiques et les manuels scolaires. Cependant, il est intéressant de signaler que, dans ses cours, Ecchellensis avait confirmé son ouverture sur l’islam, déjà prouvée par les sujets de ses traductions. Il avait enseigné l’Histoire des Califes musulmans alors que ses collègues étaient beaucoup plus intéressés à expliquer Avicenne (47).

Tout au long du XVIIe siècle, la véritable chaire d’arabe au Collège Royal, où un enseignement de qualité était assuré, fut présidée par cinq professeurs dont trois Libanais (Sionite, Ecchellensis et Gamerio), un maronite d’Alep (Dipy) et un français (Vattier).

Par leur enseignement et leurs publications, les Libanais avaient bonne cote dans les milieux savants français. Guillaume Duval, contemporain de Sionite, écrit de lui : « Gabriel Sionite mérite le titre de phoenix ; parce qu’il est unique lecteur en sa Profession Royale de la Langue Arabique, à Paris, parce que lui seul entend l’Arabe à perfection, aussi bien la langue Chaldaïque… »(4Cool.

Après son retour à Rome, en 1653, Ecchellensis fut toujours sollicité par les savants orientalistes français. Ils continuaient à lui écrire pour lui demander conseil. C’est surtout Jean Morin qui a alimenté avec lui une correspondance précieuse sur l’histoire de l’Eglise Maronite (49).

Par leur engagement dans l’orientalisme français, les intellectuels libanais ont donné un nouvel élan aux études arabes et syriaques. Les premiers arabisants français, Arnault de Lisle, Etienne Hubert, Jean-Baptiste Du Val et Jean Martin, ont appris l’arabe au Maroc ou ont eu des professeurs formés au Maroc. Dans ce pays, la langue arabe se distingue par deux caractéristiques. La société étant islamique, la source de la langue c’est le Coran. Avec l’importance de la présence berbère, la langue arabe est mêlée à la langue berbère.

Les Libanais maronites qui ont enseigné et publié leurs travaux en France sont des linguistes spécialisés qui pratiquent la langue arabe non altérée. Avec l’avènement de l’ère libanaise au Collège Royal et aux éditions orientales en France tout au long du XVIIe siècle, l’usage de l’arabe biblique s’est élargi aux dépens de l’arabe coranique. Les manuels en usage pour l’apprentissage de l’arabe, étaient surtout des traductions de textes bibliques où la version arabe est vocalisée avec, en regard, la version latine. Le Psautier était devenu par excellence, le manuel de langue des arabisants.

CONCLUSION

Le Liban entend poursuivre son œuvre spécifique de rapprochement et d’interaction des cultures. Cette tâche est d’autant plus méritoire qu’elle devient de plus en plus difficile dans un Proche-Orient toujours éprouvé par le long conflit arabo-israélien, et au sein d’un monde arabe tiraillé par des options politiques, morales et sociales contradictoires qui se situent entre la tradition et le modernisme, le cloisonnement et l’ouverture, le fondamentalisme religieux et la liberté de conscience.

Dans les échanges culturels entre l’Orient et l’Occident, le pays du cèdre est resté fidèle à lui-même. Le rôle marquant tenu par les intellectuels libanais dans l’orientalisme français au XVIIe siècle, se perpétue de nos jours au sein de la francophonie mondiale.

Au sommet de la francophonie, réuni à Moncton, en 1999, le Liban ayant posé sa candidature pour être l’hôte du prochain sommet, avait proposé qu’il soit placé sous le thème « Dialogue des cultures ». Les participants ont accueilli favorablement la proposition libanaise. C’est sous ce même thème que s’est réuni à Beyrouth le IXe sommet de la francophonie, en octobre 2001.

Lors de sa visite au Liban en 1976, le Président Léopold Sédar Sengor avait dit à l’adresse des Libanais : « Dans cette partie du Proche-Orient, vous êtes les plus arabes et les plus universalistes ».

Dix ans plus tard, au sommet de la francophonie tenu à Paris en 1986, le Président libanais Charles Hélou a rappelé cette vocation d’ouverture : « En vérité, ce qui nous unit essentiellement, ce n’est pas seulement l’usage d’une même langue, c’est aussi et surtout l’habitude et le goût d’un même langage qui est le langage de l’universel ».

L’histoire du Liban et sa texture sociale multiconfessionnelle témoignent, dans le cadre de son arabité, d’une longue tradition d’ouverture et d’échange qui a favorisé une culture une et plurielle, sensible à tout ce qui est humain et universel.

Post-scriptum

Dans les universités et les centres de recherches en France, les intellectuels libanais ne cessent de prolonger l’œuvre de Sionite, Hesronite, Ecchellensis, Gamerio et nombreux autres. Monsieur le Professeur Toufic Fahd, à qui sont dédiés ces mélanges, en constitue l’illustre exemple.

Durant sa longue et brillante carrière à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg (aujourd’hui Université Marc Bloch), le Professeur Fahd a donné un grand essor aux études orientales aussi bien dans le domaine de l’enseignement que dans celui de la recherche. Il a bien mérité ses titres de pionnier et d’érudit.

Directeur – fondateur du Département des Etudes Arabes et Islamiques (1960-1992), Directeur et membre fondateur du Centre de Recherches sur le Proche-Orient et la Grèce Antiques (1973-1991), responsable du Groupe d’Etudes Orientales – Formation doctorale (1966-1990), le Professeur Fahd a formé de nombreux chercheurs, et enrichi les études orientales de ses travaux savants.

Il nous est particulièrement agréable de placer cet article sous le signe de la gratitude envers le Professeur Fahd, co-directeur avec le Professeur Bernard Vogler, de notre thèse de Doctorat ès – Lettres (U.S.H, Strasbourg, 1983), pour le remercier de sa grande érudition, son dévouement inlassable et sa profonde amitié qui ne cesse d’être pour ses nombreux élèves, un sujet de fierté et de joie.

Zouk Mikayel, Liban, le 4 septembre 2007.

Joseph Abou Nohra

NOTES


1-René Habachi, « Une lecture théologique du Proche-Orient », Colloque : Liban proximité de l’Orient, Dijon, 1983 ; in Lettres et Visages du Liban et de l’Orient, Dijon, 1983, p. 15, n 1.
2-Philippe Duvollet, « Verbe parole livre », in Lettres et Visages du Liban et de l’Orient, op. cit., p. 13.
3-Jean Aucagne, « La préface d’Abraham Hinckelmann ou la naissance d’un nouveau monde, in Le Livre et le Liban, Paris, Unesco – Agecoop, 1982, p. 138.
4-Par Orient nous entendons aussi bien l’Orient de l’Islam et des autres religions d’Asie, que l’Orient Chrétien avec ses différentes Eglises et en premier lieu les Eglises apostoliques d’Antioche, d’Alexandrie, de Jérusalem et de Constantinople, en passant par les autres Eglises dites arménienne, copte, jacobite ou nestorienne.
5-Youakim Moubarac, Recherches sur la pensée chrétienne et l’Islam dans les temps modernes et à l’époque contemporaine, Préface Edmond Rabbath, Beyrouth, 1977, p. 21.
6-Nasser Gemayel, Les échanges culturels entre les Maronites et l’Europe, du Collège Maronite de Rome (1584) au Collège de Ayn-Warqa (1789), Beyrouth, 2 tomes, t 1 , p. 2.
7-Ibid, p. 5.
8-L’Empire ottoman apparaissait comme l’ennemi menaçant de l’Europe chrétienne. Pour faire face à son danger les princes européens devaient se liguer sous la conduite du Pape et partir en croisade plutôt qu’attendre à être attaqués. Entre 1600 et 1620 on a dénombré onze projets de croisades dont un seul, sous l’égide du Duc de Nevers, eut un commencement d’exécution.
9-Voyant les intérêts que la France tirait des Capitulations, les autres pays d’Europe devaient accélérer leur ouverture sur l’Empire Ottoman. En 1579 l’Angleterre a signé un traité avec le Sultan lui permettant de profiter des avantages des Capitulations. En 1612, les Pays Bas établissent des relations diplomatiques avec la Sublime Porte ; Clanence Diana Rouillard, The Turk in frensh history, thought and literature (1520-1660), Paris, Boivin, 1936, p.p. 199-203.
10-On peut citer l’archéologue Pierre Giles, le naturaliste Pierre Belon du Mans et les deux cosmographes du roi : André Thevet et Nicolas de Nicolay ; Le livre et le Liban, p. 183, n° 41.
11-Nasser Gemayel, « Les circonstances favorables à l’apparition d’impressions orientales pour l’Europe savante », in Le Livre et le Liban, p. 175.
12-Fliche et Martin, Histoire de l’Eglise, t. 17, p. 140.
13-La liste des différents Collèges Pontificaux figure dans le rapport du secrétaire de la Propaganda Fide présenté au Pape Innocent XI en 1678 où il est question des collèges entretenus par la Congrégation de la Propaganda ; Voir Urbano Cerri, Etat présent de l’Eglise Romaine dans toutes les parties du monde, écrit pour le Pape Innocent XI, traduit de l’anglais en 1726, Amsterdam 1716, pp. 138-139. L’auteur traite du Collège Maronite à la page 151.
14-Nasser Gemayel, Les échanges culturels, t. 1, p. 33.
15-« L’évangéliaire de Widminstad d’après Sylvestre de Sacy », in Le Livre et le Liban, p. 123.
16-Jean Aucagne, « Les sources mystiques de l’orientalisme », in Le Livre et le Liban, p. 131-133.
17-L’imprimerie orientale Médicis a été fondée à Rome, en 1584, par le Cardinal Ferdinand de Médicis, protecteur des Patriarcats orientaux d’Antioche, d’Alexandrie et du Royaume d’Ethiopie.
18-Pour la liste des ouvrages édités par cette imprimerie, voir Nasser Gemayel, « Les imprimeries libanaises de Rome », in Le Livre et le Liban, p. 192.
19-Dans la préface de l’index de l’ouvrage paru en 1613, Duval raconte qu’il avait rencontré Sionite et Scialac à Venise où il s’était lié d’amitié avec eux avant leur venue à Paris, et c’est là qu’ils lui livrèrent une copie de leur dictionnaire.
20-Guillaume de Tyr, Histoire de la guerre sainte (dite proprement la Franciade Orientale), Paris, R. le Mangnier, 1573, p. 288.
21-Gérald Duverdier, « Les frontières culturelles de l’Europe », in Lettres et Visages du Liban et de l’Orient, p. 75.
22-François Savary de Brèves, Discours véritable fait par Monsieur de Brèves du procédé tenu lorsqu’il remit entre les mains du Roy, la personne de Monseigneur le Duc d’Anjou, Paris, N. Gasse, 1628, p. 22.
23-Lettre de F. S. de Brèves à J. A. de Thou, du 23 novembre 1611, Bibliothèque Nationale de Paris, Département des manuscrits, collection Dupuy, 812, f. 195. Sur les relations de de Brèves avec les élèves du Collège Maronite, cf. Goujet, Mémoires historiques et littéraires sur le Collège Royal de France, Paris, 1768, 3ème partie, p. 98.
24-Gérald Duverdier, « Doctrina Christiana », in Le Livre et le Liban, p. 244, n° 130.
25-Erpénius (Thomae Erpenii), Historia Josephi patriarchae, ex Alcorano, arabice, cum triplici versione latina et scholiis Thomae Erpenii, cujus et alphabetum praemittitur, Leidae, ex Typographia Erpeniana, 1617.
26-Lettre de de Brèves à de Thou, du 23 janvier 1613, Bibliothèque Nationale, Département des manuscrits, collection Dupuy, 812, f. 253.
27-Ibid, f. 207.
28-Gérald Duverdier, « Liber Psalmorum Davidis Regis et prophetae » in Le Livre et le Liban, p. 199s., n° 66.
29-Bibliothèque Nationale, Département des manuscrits, collection Dupuy, 812, f. 207 et 253.
30-Ibid, f. 209.
31-Gérald Duverdier, « Des livres pour l’Europe savante » in Le Livre et le Liban, p. 165.
32-Auguste-Joseph Bernard, Antoine Vitré et les caractères orientaux de la Byble Polyglotte de Paris (Origine et vicissitude des premiers caractères orientaux introduits en France, avec un spécimen de ces caractères), Paris, 1857, p. 5. L’auteur publie le texte intégral du brevet du roi au sujet de la pension.
33-Nasser Gemayel, Les échanges culturels, t. 1, p. 220.
34-La correspondance de Peiresc avec de Brèves montre bien l’intérêt porté par les érudits pour les éditions savantes de cette imprimerie ; Gérald Duverdier, « Des livres pour l’Europe savante », in Le Livre et le Liban, p. 169.
35-« Aujourd’hui dix-septième jour du mois de janvier mille six cent dix-huit, le Roi étant à Paris, et ayant désir pour le bien public se servir de Gabriel Sionita du Mont-Liban, à cause de sa suffisance et doctrine, et particulièrement pour la grande connaissance qu’il a des langues arabique, turquesque et syriaque, et pour lui donner moyen de l’entretenir par son brevet du vingt quatrième janvier 1615 lui a accordé six cents livres par an, à prendre par les maisons des Trésoriers de son épargne, en outre a commandé aux Intendant et Contrôleur des bâtiments de le faire loger en quelque collège ou autre lieu en l’université de cette ville qui lui fut propre et commode pour y pouvoir imprimer les traductions qu’il fait des dites langues en latine… Sa dite Majesté a libéralement accordé et octroyé au dit Sionita jusqu’à la somme de deux mille livres par an… » ; Archives du Collège de France : C XII, Sionite 1, f. 6 et 7 ; publié par A. J. Bernard, Antoine Vitré et les caractères orientaux, op. cit., p. 6.
36-Gérald Duverdier, Le Livre et le Liban, p. 170.
37-Nasser Gemayel, Les échanges culturels, t. 1, p. 222, n° 27.
38-Charles Albert, du de Luynes (1578-1621), fut d’abord page d’Henri IV avant d’être placé auprès du dauphin (futur Louis XIII) dont il devint le favori. Après l’accès de Louis XIII au trône, Luynes poussa au meurtre de Concini et à l’exil de la reine mère afin de régner sous le nom du roi.
39-Gérald Duverdier, Le Livre et le Liban, p. 171.
40-Après un séjour au siège patriarcal à Qannoubine où il avait rencontré Domenico Magri durant sa visite au Mont-Liban en 1624, Jean Hesronite a été envoyé par le Patriarche Youhanna Makhlouf en mission à Rome pour présenter ses vœux au Pape Urbain VIII à l’occasion de son investiture, et accompagner en même temps, un groupe de douze élèves au Collège Maronite. De retour au pays en 1625, Hesronite est sacré évêque mais il meurt quatre mois après, en 1626.
41-Bibliothèque Nationale, Paris, A. 2513 ; Le Livre et le Liban, p. 241.
42-Barhebraeus (Gregorius Abou-Faraj, dit Ibn Al-‘Ibri)… Veteris philosophi syri De Sapienta divina Poema aenigmaticum, Parisis, M.DC. XXVIII ; Bibliothèque Nationale, Paris, Ya. 142.
43-A sa sortie de prison, Gabriel Sionite s’est engagé dans une polémique contre Antoine Vitré qui avait fait paraître un réquisitoire à son encontre intitulé « Preuves littérales toutes de la main de Gabriel Sionite… ». A cet écrit, Sionite fit paraître deux réponses. La première sous le titre « Apostilles aux preuves littérales », et la seconde, plus détaillée, sous le titre « Réponse au libellé intitulé preuves littérales » ; Nasser Gemayel, op. cit., p. 235.
44-Gérald Duverdier, Le Livre et le Liban, p. 245, n° 145.
45-Antoine Vattier a été professeur d’arabe au Collège Royal à partir de 1656, après le retour d’Ecchellensis à Rome.
46-Le Livre et le Liban, p. 252s., n° 142.
47-Archives du Collège de France, Paris, B-11, Islamisme, a - 6 A.
48-Guillaume Du Val, Le Collège Royal de France, Paris, 1644, p. 31 s.
49-Jean Morin, Antiquitates Ecclesiae Orientalis…, Londres, 1682, recueil de lettres publiées par Richard Simon, p. 326-334.
Sun Apr 03, 2016 1:39 pm View user's profile Send private message Send e-mail Visit poster's website
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