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Les Chrétiens dans l’Islam des premiers temps Edmond Rabbath

 

 
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Les Chrétiens dans l’Islam des premiers temps Edmond Rabbath
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Publication de l’Université Libanaise - Extrait

Au fil des siècles

Loin que la recherche de l'intelligibilité aboutisse à l'histoire comme à son point d'arrivée, c'est l'histoire qui sert de point de départ pour toute quête de l'intelligibilité… l'histoire mène à tout, mais à condition d'en sortir ».

Claude Lévi-Strauss

Les chrétiens d'Orient vivent encore aujourd'hui en groupes compacts, que l'on désigne ordinairement sous le nom de communautés (ta’ifa en arabe, tawa’ef au pluriel), constituant chacune d'elles une unité sociologique distincte, dotée d'une autonomie propre, plus ou moins large, selon les Etats, au plan de leurs hiérarchies internes, de leurs organes particuliers, législatifs, administratifs et juridictionnels; elles sont notamment pourvues d'un statut personnel exclusif, régissant leurs membres. Leur formation historique a dérive, à l'origine, des schismes religieux, qui avaient, au Ve siècle, déchiré L'Empire byzantin. Ces communautés représentent, en dernière analyse, dans le monde arabe où elles se déploient encore librement, les derniers carrés de la résistance à l'expansion de l'Islam, enclenchée par les Arabes, dont les vagues d'assaut avaient, au VIIe siècle, submergé la Palestine, la Syrie, l'Egypte, l'Afrique du Nord, dans le même temps où, après avoir inondé la Basse-Mésopotamie, elles s'élançaient sur l'Iran, pour s'enfoncer peu après dans les profondeurs de l'Asie centrale, remonter jusqu'en Arménie et battre les flancs du Caucase. Tous pays, autrefois chrétiens - en totalité dans les bassins de la Méditerranée, et, en groupes plus ou moins denses en Asie – sont devenus, depuis, Dar al-Islam, terres d'Islam, irrévocablement acquises à la foi de Mahomet.

Nonobstant leur modernité croissante et leur insertion de plus en plus accentuée dans le circuit des relations internationales, les peuples musulmans vibrent toujours de la flamme du Prophète arabe et continuent de s'imprégner résolument de sa pensée indélébile. Les dogmes et le pratiques de l'Islam ne cessent encore et ne cesseront jamais d'exercer leur emprise profonde sur les modes de vie et les consciences individuelles, d'affleurer en toute circonstance à la surface des mentalités collectives, de façonnera le droit privé, de colorer les institutions politiques. Des populations qui avaient succombé sous le coup des invasions arabes, parviendront au bout des siècles, à en rejeter l'arabité culturelle ; elles en conserveront néanmoins la religion, qu'elles intègreront à leurs nationalités en réveil - tels la Turquie, l'Iran et, plus à l'Est, les autres Etats où l'Islam a repris, à la clôture des âges héroïques, sa marche invincible, sans le sillage d'un prosélytisme vivace et anonyme. Seules, l'Espagne et la Sicile ont pu définitivement s'arracher à son étreinte pour regagner la mouvance de la chrétienté occidentale. Mais sur tout le pourtour de la Méditerranée méridionale et, de l’océan Indien à l'Atlantique, le triomphe de l'Islam sera total. De l'Afrique de Tertullien, de Cyprien et d'Augustin, rien ne transparaitra plus que l'Islam n'eut recouvert de sa chape inaltérable. Ne subsisteront en finale, après que la Turquie kémaliste eût opéré sa révolution laïque, mais nullement anti-islamique, que les communautés chrétiennes de l'Orient arabe, derniers résidus de la récession globale, inexorablement subie par le christianisme des temps primitifs, que les Pères de l'Eglise avaient, en Asie mineure, fécondé de leurs spéculations théologiques et de leurs luttes inlassables, autour de la personne du Christ. Leur condition juridique, placée, par voie conventionnelle, sous la dhimma, conscience de l'Islam, s'identifiera à celle des juifs, accoutumés, depuis l'Antiquité, à mener, sur tous les points de leur Diaspora universelle, une existence séparée, en retrait de la société ambiante. A la différence toutefois des Juifs, dont le grégarisme a eu pour effet de leur épargner le contrecoup des guerres séculaire, menée par les empires et royaumes musulmans contre les Byzantins et autres chrétiens d'Occident, habitants du Dar al-Harb, zone de la guerre, les chrétiens, vivant dans l'orbe de l'Islam, ne discontinueront pas, tout au long de l'histoire, d'en subir les répercussions. Obligatoirement enserrés, tout comme les Juifs, dans la gangue de leurs communautés respectives, leur situation politique, leur statut juridique, varieront ainsi au rythme saccadé des évènements extérieurs. Organiquement liées à la constitution de l'Etat musulman, qui leur a imprimé leur cadre initial, ces communautés feront partie intégrante de son développement historique, à travers les aspects multiples qu'il a revêtus, avant d'entrer, au XIXe siècle, de plain-pied, dans la période du Tanzimat ottoman, préludant à l'apparition de l'Etat moderne.

Jusqu'à cette date, l'Etat musulman, dont le peuple ne pouvait être formé que de la Umma des croyants, avait retenu en soi, intangible et immuable, l'essence même de sa structure religieuse, puisée aux sources sacrées du Coran et de la Sunna. Les principes en ont fini par fermenter, pour s'épanouir dans le Corpus grandiose de la Chari’a ou droit musulman, dont l'objectif cardinal est d'embrasser et de régir, dans ses moindres détails et sous toutes ses formes, spirituelle, politique, civile, économique et sociale, la vie individuelle, familiale et publique, des croyants. La caractéristique fondamentale de l'Etat musulman ou, plus concrètement, celle des innombrables entités de nature étatique, qui en ont dilué l'unité originelle et l'unicité théorique, n'en résidera pas moins dans la permanence d'une position conflictuelle, dont il ne cessera de ressentir la pression, tout au cours de sa longue évolution historique. L'Islam, acte de soumission absolue, en son acception étymologique, à l'ordre divin, se proposait pourtant d'instaurer sur terre, en esprit et dans la réalité de la vie, un état de paix perpétuelle, sur la terre comme au ciel. Le mot même de paix en arabe, Salam, se connecte avec l'Islam, qui est abandon de soi-même à Dieu. Fruit d'une dialectique, dont les éléments successifs seront irréductiblement poussés à résorber en leur for intérieur des contradictions de plus en plus amples, aigues, son histoire ne put dès lors que se dérouler dans un sens nettement antithétique à ses aspirations idéales.

Luttes à La Mecque avec les Qoreichites, adorateurs de béthyles et manieurs d'argent, luttes à Médine avec les Juifs, imbus de leur orgueil biblique, possédés par leur psychose de peuple élu, luttes séculaires, à visage découvert ou en rapports d'équilibre instable, avec les chrétiens du Bas-Empire et, plus tard, avec l'Europe, en tous domaine, champs de batailles, rivalités économiques, heurts des idéologies. C'est autour de cette constante, tour à tour perceptible ou sous-jacente, que l'histoire de l'Islam s'est dévidée, dès le départ. Tension, dont les contre-effets ne pouvaient ne point retentir sur son esprit public, ni marquer à tout jamais son destin. Ses institutions en représentent la résultante, dont le leitmotiv dominant a toujours immuablement tendu à la défense de l'Islam, à la sauvegarde de son intégrité territoriale, à la préservation de son patrimoine religieux et culturel, tous objectifs primordiaux de l'Etat musulman en général. Cette préoccupation transcendante a servi d'illumination à la conquête – dont les mobiles n'ont certes guère tendu qu'à la propagation de la nouvelle religion sémitique, produit cette fois d'une gestation mystérieusement accomplie dans l'atmosphère de déserts arabes; elle a alimenté un état d'esprit lancinant, qui a empreint son droit constitutionnel et son droit international, d'un dualisme ayant nécessairement impliqué et mis en mouvement le principe directeur de la répartition du genre humain, en musulmans et en infidèles.

Dans cette croissance belligène de l'Etat musulman, les dhimmis devaient, par suite, n'occuper qu'un rang subalterne, selon un processus particulier, imposé par la conjoncture de la guerre. Le traité de capitulation n'eut au début pour fin et, dans la mesure où la reddition s'effectuait sans résistance, que l'extension aux chrétiens du statut de la dhimma. Il appartenait par conséquent au droit de la guerre, que les armées en campagne appliquaient coutumièrement aux populations assujetties. Situation juridique qui relevait donc, ab initio, d'un droit de gens, encore embryonnaire, secrété par l'Islam. Elle achèvera un siècle plus tard, sous l'effet de l'enracinement de la puissance islamique dans les territoires conquis, par se transmuer en un droit public, purement interne, de nature étatique, règlementant la condition des dhimmis.

Sous cet éclairage, trois phases apparaissent bien distinctes, dans l'évolution de l'Etat musulman. La première est afférente aux éclairs de la Révélation à La Mecque, dont les tendances eschatologiques subiront à Médine, sous la pression des luttes entreprises par Mahomet ou contre lui, une complexification progressive, l'entrainant, par la force des choses, à la fondation dans l'ordre temporel, du pouvoir politique, à son extension à l'Arabie, assorti de liens de sujétion, auxquels succède brusquement l'immense dilatation produite par la Conquête, qui assure aux Arabes la domination du monde extérieur. De Médine, cellule motrice, le pouvoir islamique s'enfle démesurément, Cité-Etat ou les germes sont posés, qui lèveront dans les institutions de base, sous la projection des versets descendus sur l'Envoyé d'Allah et, en s'inspirant de ses faits et gestes, érigés en Sunna, traditions ou précédents, dont la paternité lui sera attribuée. Les clans juifs sont expulsés de Médine ou exterminés, en raison de leur insolubilité congénitale. Les Qoreichites, ennemis de la veille, adhèrent en masse à l'Islam, pour en devenir bientôt les fougueux pionniers. L'Arabie entière acquiert de la sorte une parfaite homogénéité religieuse. Envers les peuples des riches contrées envahies, chrétiens et Juifs, suivis par les mazdéens d'Iran, demeures fidèles à l'antique religion de Zoroastre, l'engagement solennel est pris de leur assurer la vie sauve et une complète liberté de culte, en contrepartie du paiement par eux d'une djizya annuelle, analogue à la capitation en usage dans les empires contemporains.

Une seconde phase s'ouvre dès lors, au cours de laquelle l'Etat musulman s'installe dans l'unité des territoires conquis, qui formeront le Dar al-Islam. C'est l'Empire, en sa signification historique, qui s'étend sur toute la période des Omayyades et le premier siècle des Abbassides : consolidation du pouvoir central, mouvement de conversion à l'Islam, politique d'arabisation des services publics, mais que déborde presque aussitôt l'action de forces centrifuges, surgissant sur les franges de l'Empire, la lente remontée agressive des civilisations antérieures, que l'Islam avait paru stériliser, sinon extirper. Phénomènes bariolés de dessication, traduisant l'ascension sur la scène politique de races étrangères, dont les chefs se saisissent des rênes du commandement militaire et se portent, par suite, aux avenues stratégiques du pouvoir réel. Traits annonciateurs de la phase suivante.

Celle-ci est effectivement marquée par morcellement qui saisit les territoires de l'Empire et, par voie de conséquence, par l'émergence de royaumes et de principautés qui se partagent le Dar al-Islam. En réaction aux incursions des Arabes sur ses rivages méditerranéens et pour tirer aussi vengeance des tribulations infligées aux pèlerins en Terre-Sainte, mais en réalité sous la pression de certains facteurs nouveaux, démographiques et économiques, l'Europe effectue, sous la forme des Croisades, sa première percée dans l'Orient musulman, qu'elle développe, avec le concours intéressé des cités marchandes d'Italie, par le fer et le sang. Ayyoubites et Mamlouks se relaient dans la tâche gigantesque de contenir les flots déferlant de l'Occident chrétien, de remembrer le corps émietté de l'Islam, pour aboutir, en fin de compte, à la destruction de établissements latins de Syrie et, dans le même temps, au refoulement de la terrifiante marée mongole.

S'éleva alors, quatrième phase, parmi les émirats légués par les Seljoukides en Asie Mineure, la maison des Osmanlis ou Ottomans, dont l'Empire constituera, trois ou quatre siècles durant, le fer de lance, enfoncé au cœur même de l'Europe, avant que, à son tour, le déclin ne se fut attaqué, vers la fin du XVIIIe siècle, à son organisme décrépit. Des provinces entières sont graduellement arrachées à la souveraineté du Grand-Seigneur, la Grèce en 1829, sous le coup d'une insurrection, qui fera tâche d'huile à l'ouest des Balkans ; l'Algérie des Barbaresques en 1830 par la France, qui amorce ainsi la construction de son second empire colonial ; Aden en 1839, par l'Angleterre, au seuil de la mer Rouge, pour lui servir de poste éclaireur sur la route des Indes. La flotte britannique force, à l'autre angle de la Péninsule arabe, l'entrée du golfe Persique, ou elle impose aux roitelets de la côte des Pirates, des traités de protectorat et de vassalité. Les vieilles nations balkaniques se réveillent et recouvrent leur indépendance. Des Etats musulmans disparaissent aux Indes, en Malaisie, dans les grandes iles de l'Insulinde. Mais la religion de Mahomet s'empare, par un cheminement lent et indéfinissable, de l'âme de l'Asie et de l'Afrique, futures composantes du Tiers-Monde, dans le même temps où jaillissent de tous côtés les éclats étincelants de l'impérialisme européen. Jusqu'au jour où l'instinct de conservation, le réflexe de défense, incitent les peuples islamiques à prendre conscience de leur existence nationale, à comprendre la nécessite vitale, que leur dicte la civilisation occidentale, d'adopter résolument ses institutions et ses techniques, sous peine de s'éteindre. Appuyé sur les derricks de pétrole, l'Islam arabe atteint aujourd'hui le stade où il commence à faire figure de puissance mondiale.

Dans le contexte de cette longue histoire, au travers de ses courants tumultueux, les chrétiens d'Orient ont vécu - et survécu – sous la dhimma de l’Islam, avant d’accéder, à la faveur des constitutions modernes, au niveau de citoyens, jouissant, sur le même pied d’Egalite avec les musulmans, de la plénitude de leurs droits civiques.

Aussi, une étude qui se veut vivante, portant sur leur histoire politique et leur condition juridique, ne saurait-elle être menée qu'en connexion étroite avec chacune des phases, ayant démarqué l'évolution de l'Etat musulman, dans le milieu historique, qui lui a toujours servi de support légal. Afin d'éviter qu'elle ne se distende outre-mesure, elle restera circonscrite - sans en exclure au reste de temps en temps quelques coups de sonde pratiques dans d'autre pays d'Islam - à la Syrie, à la Palestine, à l'Egypte et à l'Irak, où subsistent les derniers vestiges de ce qui forma jadis la chrétienté d'Orient, actuellement représentée par un certain nombre de communautés particulières.
Il n'en demeure pas moins que ces communautés, dont le statut juridique va donner, à partir des invasions arabes, naissance à un mode de vie collective, dénommé régime communautaire, ont pris forme, bien avant l'Islam, sous des schismes religieux du Ve siècle. Ils s’ensuivent que l'évocation de ces évènements, tels qu'ils sont advenus dans l'Empire byzantin, accompagné d'un exposé dépeignant la situation des chrétiens en Iran sous le règne des Sassanides, ainsi que les progrès opérés par les infiltrations du christianisme dans l'Arabie antéislamique, doit nécessairement surplomber l'histoire de Mahomet et de ses successeurs, dans leurs rapports avec ceux qu'ils relègueront dans la classe inferieure des Gens du Livre. Elle est de surcroit susceptible de mettre en lumière les causes externes du « miracle arabe », que réalisent les foudroyante conquêtes de l'Islam, à sa sortie du désert.

Certes, pareille enquête, s'étendant sur près de mille cinq cents ans, ne saurait-elle être menée par un seul homme. Aussi, nous bornerons-nous à en délimiter le champ historique aux premiers âges de l'Islam. Elle n'en sera pas moins éclairante par la suite des siècles et, particulièrement, en ce qui concerne la situation contemporaine des chrétiens au regard de la psychologie de leurs compatriotes musulmans. Dans cette perspective, la méthode proposée a consisté à isoler chaque époque en un pan du passé, que couvre un volume à part, dont la lecture pourrait être entreprise, indépendamment des autres. Se sont ainsi succédé, sous la rubrique générale, Les chrétiens dans l'Islam des premiers temps, le présent tome, faisant office d'introduction, sous le titre de L'Orient chrétien à la veille de l'Islam; le second est relatif à Mahomet, Prophète arabe et fondateurs d'Etat; le troisième tome, traite en deux volumes, La Conquête arabe sous les quatre premiers califes, où l'on s'est efforcé, en une Conclusion générale, de dégager les Causes et facteurs, qui ont favorisé ce prodigieux évènement, dont le cours de l'histoire mondiale, à partir du VIIe siècle, a été définitivement marqué.

INTRODUCTION

« … Entrer dans le détail, faire des discussions, se donner beaucoup de peine pour chaque chose en particulier, cela convient au pionner de l’histoire ; mais rechercher la concision de l'exposé, renoncer à traiter le sujet de façon exhaustive, cela doit être concédé à celui qui fait de la vulgarisation… »

II.MACCHABEES, II, 30-31

A la date où les Arabes vont se lancer à la conquête de l'Asie et de l'Afrique, deux peuples n'avaient cessé, depuis des siècles, de se disputer l'empire de l'Orient. Perses et Byzantins, autour desquels gravitaient des populations sujettes ou vassales, dominaient presque exclusivement les régions, connues aujourd'hui sous le nom de Moyen-Orient (Cette dénomination date principalement de la seconde Guerre mondiale ; elle vient des Américains (Middle East). Auparavant, celle de Proche-Orient (Near East) était en usage. Le terme avait été, à vrai dire, dès 1902, proposé par l'historien américain Alfred Thayer Mahan, dans un article de la National Review de Londres. Pour plus de détails voir introduction, de Historians of the Middle East, edited by Bernard Lewis and P.M. Holt, London, 1962.) ; leurs relations, tour à tour pacifiques ou violentes, y avaient donné naissance à des coutumes, à des idées, à des institutions, qui formeront le fond social, ou l'Islam puisera ses premiers matériaux.

Byzance, qui continuait Rome, gardait la maitrise de la presque totalité du bassin méditerranéen. L'Asie mineure, que surplombent les Balkans, avec la Grèce en appendice, constituait le noyau essentiellement grec, dont le Bas-Empire se trouva formé. La Syrie prolongeait, au sud-ouest, les domaines du basileus et lui servait, par l'Egypte, de marche naturelle, en direction de l'Afrique - où se repliait l'antique royaume chrétien d'Aksoum, allié religieux de Byzance - qui fermait la boucle méditerranéenne. L'Espagne wisigothique, jadis province romaine, échappait cependant à Byzance, loin des quelques lambeaux de rivages, auxquels l'autorité impériale s'accrochait encore, en Méditerranée occidentale. Au centre toutefois, flanquée de la Sicile, postée en éclaireur, l'Italie, jusqu'à Ravenne, siège d'un exarque, qui surveillait les passes alpines, demeurait dans l'orbe de Constantinople.

Sur les confins de l'Empire, des tribus innombrables se pressaient de toutes parts, slaves et germaniques en Europe, païennes ou teintées d'arianisme, entre les plaines russes et la Gaule merovingienne, berbères idolâtres, jaloux de leur particularisme agressif, aux abords de l'Afrique byzantine ; Arabes du limes syro-palestinien, que des moines, refugiés au désert, avaient gagnés au monophysisme. Dans les limites de l'Empire, l'orthodoxie chrétienne, en communion avec l'Eglise romaine, constituait la religion de l'Etat, à qui elle servait de fondement, et dont elle inspirait les institutions et gouvernait l'esprit. En face d'elles, se dressaient les Eglises jacobites de Syrie, d'Egypte - d'Aksoum - et d'Arménie, parvenues, malgré les persécutions, à s'ériger en collectivités nationales, groupant les populations coptes, sémitiques ou arméniennes, sous la bannière du monophysisme.

A l'est de l'Euphrate s'ouvrait un monde, offrant un contraste saisissant avec tout ce qui formait Rome et Byzance. Successeurs des Parthes, qui avaient arrêté les progrès de l'expansion romaine, les Sassanides gouvernaient des territoires immenses dont les frontières se perdaient dans les steppes turques de l'Asie Centrale, vers la Chine inconnue. La religion de Zoroastre avait résisté, dans l'Empire perse, aux infiltrations de l'Evangile, par suite de l’hostilité opiniâtre d’une classe puissante de prêtres-mages qui, en conservant l’Etat son caractère religieux, avaient pu le maintenir en sa pleine vigueur politique.

Entre ces deux panneaux de l'Ancien Monde, à l'angle où ils entraient en contact, l'Arabie subsistait, inaccessible et méprisée. C'est dans l'une de ses plus chaudes cités caravanières, qui s'échelonnaient non loin de la mer Rouge, et contribuaient à la circulation des marchandises entre la Méditerranée et l'Asie, au milieu des discussions d'affaires et parmi les livres de commerce, que naquit l'Islam au VIIe siècle. Tel la tempête qui, soudain, surgissait des sables, il s'élança, à peine formé, à la conquête du monde, pour détruire l'empire millénaire des Perses, s'emparer des provinces sémitiques de Byzance, envahir l'Afrique du Nord, et insuffler aux vieux concepts de la civilisation antique, une âme neuve, qui a fini par détacher le Machreq et le Maghreb, de l'ordre fondé par Rome et le christianisme.

TABLE DES MATIERES

AU FIL DE SIECLES

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER : L'EMPIRE BYZANTIN

1. Les querelles christologiques
L'arianisme
Le nestorianisme
Le monophysisme
Le concile de Chalcédoine
Les Eglises monophysites
Les persécutions
L'invasion perse
Le monothélisme
Hérétiques et païens
Les Juifs

2. L'Etat et son droit
L'Edit de Milan
Le Césarisme religieux
L'Etat chrétien
La monarchie universelle
Le droit diplomatique

3. Les mouvements nationalitaires
Une nationalité religieuse
L'irrédentisme égyptien
Le sémitisme syrien
Le séparatisme monophysite

Observations et bibliographie

CHAPITRE II : L'Iran Sassanide

1. Le régime politique
Le mazdéisme d'Etat
Un humanisme international
Les hérésies antiétatiques

2. La guerre avec Byzance
Les chrétiens
La Longue persécution
Prosélytisme chrétien
Nestorianisme versus monophysisme
Encore la guerre avec Byzance

3. La question arménienne
Un christianisme national
Insurrection et liberté

Observations et bibliographie

CHAPITRE III : L’ARABIE EN TRAVAIL
1.Arabes de Syrie et de Mésopotamie
Les rois de Hira
Les Ghassanides de Syrie

2.Arabes de la Djazirah
Yémen et Nadjrane
Le Hedjaz
La Mecque

3.Les tribus
L'organisation tribale
Les infiltrations chrétiennes
Les idées chrétiennes
La veillée de l'Islam

Observations et bibliographie

Carte

CONCLUSION

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