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Vues Panorama > Beyrouth 


Une visite à rue Allenby par Michel Rouviere

Cette après midi j’ai rendez-vous à la rue Allenby.

Si la matinée fut pleine d’activité afin de profiter de la fraîcheur de l’espérance d’une journée, maintenant le temps prend son temps. Ensuite, midi nous a chassé des rues des places dans un éblouissement permanent, venant du ciel, insoutenable à notre regard comme de la terre gorgée de lumière, vous renvoyant sa réverbération. La vie semble ralentir dans une sorte d’économie de geste et de parole. Laissant son azur de feu, bientôt le ciel prendra ses habits profonds et somptueux du soir. Aimablement les ombres s’allongent pour guider notre itinéraire. Tiens, même un premier souffle vient à notre rencontre.

Cette rue Allenby, fait écho en parallèle à la rue Foch pour atteindre en montant la place de l’Etoile qui dans une ronde modeste et charmante vous invite à vous asseoir sur une chaise, au coin d’une table d’un café trottoir. Ces noms ajoutés au style du quartier, en art et déco avec une touche orientale, vous emportent vers un rêve d’autrefois du temps de….nos grands-pères, ou encore plus de nos arrières arrière-grands-pères. Pourtant dans sa rénovation, respectueuse du passé, l’architecture nous chante des temps nouveaux pleins de projets. Demain, s’ajoutera un autre Café turc à un Café italien. Une vitrine de mode venant Londres rivalisera à une autre arrivée de Paris. Les plaques de cuivres sur les entrées de portes annoncent déjà la reprise des affaires. Au-delà des vastes vitrines toujours propres, dans la fraîcheur d’un air conditionné, le monde enchanteur de la consommation se met à votre disponibilité avec courtoise discrétion et une patience tranquille. Des élégantes secrétaires parfumées attendent le client, qui sûrement ne va pas tarder, devant leur ordinateur de caisse scintillant de couleurs vives aux chiffres mystérieux. Quels sont vos désirs ?

Dans le luxe et l’abondance ils trouveront le chemin de votre satisfaction. Vous voulez aller dans un projet plus vaste avec de larges ambitions ? Le directeur n’est pas loin dans la profondeur du magasin ou derrière une porte capitonnée. Tout est disponible dans la nonchalance d’une promenade musarde, aux caprices de vos curiosités.

Les noms des maréchaux nous remémorent des images figées dans la gloire d’une photographie sépia. L’Anglais sur son beau cheval entre dans Jérusalem «délivrée ». Sur fond d’Arc de Triomphe, le Français descend les Champs Elysées lors du Défilé de la Victoire. Il en oublie qu’il est trois fois Maréchal ; de France, de Grande Bretagne et Pologne! Tiens! Il y manque la note américaine. Tous deux portent une belle moustache relevant la noblesse de leur visage. L’Anglais avec un aspect plus taurin tandis que le Français plus cep de vigne. Nous n’avons pas entendu leur voix ou vu leur attitude afin d’animer notre perception. Néanmoins nous les imaginons volontiers comme des parents éloignés dont les portraits trônaient au-dessus du lit de nos grands-parents. Pour la génération suivant ces noms se fixeront seulement sur les images d’actualités ; un porte-avions et un pont au-dessus du Jourdain.

Tout en laissant notre esprit méditer sur le jadis, nous ne pouvons pas nous empêcher d’attraper le naguère de ce quartier. C’était entre deux cessez-le-feu non respectés. Beyrouth était divisée militairement dans une guerre civile qui semblait éternelle. Une floraison de végétation luxuriante en marquait la pérennité dans une abondance et une vigueur surprenante de dynamisme silencieux.

D’où venait ce figuier là?

Et ce cette sorte d’arbre dont le fragile feuillage vert monte jusqu’au sixième étage d’un immeuble blessé? La fenêtre béante d’obscurité lui servant de faire valoir, illustre le concert à deux voix du minéral et du végétal. Et ce tapis de genévriers, orné de ses baies violettes qui monte à la conquête des murs écaillant leur crépi, qui leur donne cette ardeur foisonnante?

Plus merveilleux, encore ces cascades de bougainvillées sortant des blessures des maisons abandonnées chantent leurs couleurs fuchsias. Par-dessus tout, le ciel imperturbable rythmait les saisons. Ce n’est pas pour rien que cette cicatrice de la querelle des hommes s’appelait ; «La ligne verte».

Il est temps d’honorer notre rendez-vous ! Nous reprendrons notre méditation enchanteresse après, en début de soirée. Cependant nous ne pouvons que remercier les rénovateurs du centre ville, en particulier Monsieur Rafik Hariri, d’avoir si bien marié l’ancien et le nouveau, le souvenir et le futur, le minéral et le végétal. Bien que l’homme dans ses activités penche plus pour les surfaces planes où nos pas pressés vont à la poursuite de leurs rêves, la végétation demeure, patiente et taciturne. Les murs ont repris leurs couleurs de jeunesse faites de miel et d’or.

L’esprit humain a maîtrisé le chaos de la vie pour un ordre harmonieux.

- Beyrouth, Rue Foch-Allenby, la Nuit: >> Voir la Vue << (2003-07-01)


 

 


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