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Histoire: Cartes postales: Science, art ou fantaisie

 

 
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Histoire: Cartes postales: Science, art ou fantaisie
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Texte présenté par Monsieur Sami Toubia lors d'une table ronde le 25 juin 2001 en hommage à Fouad Debbas, au musée Nicolas Sursock - Beyrouth.

Les participants étaient Messieurs Ghassan Tuéni, Sami Toubia, Badr el-Hage, Jalal Toufic ainsi que Madame May Davie.


Cartes postales: Science, art ou fantaisie

Moyen de communication à la fois explicite, succinct et concis pour laisser un souvenir de soi, saluer sa famille ou rassurer ses amis lors d'un déplacement, d'un voyage ou d'un séjour à l'étranger, la carte postale a depuis 1870, date de son apparition, fait son chemin.

S'il est toujours possible de faire remonter l'envoi de messages à découvert à des époques très anciennes – si l'on prend en considération les tablettes d'argile en Assyrie du IVe millénaire avant notre ère – les prémices de la carte postale apparaissent dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le concept de la carte postale officielle revient à un conseiller d'Etat prussien, Von Stephan, qui proposa, lors de la cinquième conférence de l'Association Allemande des Postes de 1865 à Karlsruhe, «un feuillet cartonné de correspondance devant circuler à découvert ». L'idée, qui ne sera pas alors retenue, fut reprise le 28 janvier 1869 par Emmanuel Hermann, professeur d'économie politique à Vienne, qui utilisa pour la première fois le terme de carte de correspondance.

L'ancêtre de la carte postale, un rectangle en carton purement fonctionnel, a permis aux Parisiens assiégés lors de la guerre de 1870 de communiquer entre eux. Il faut attendre 1889 pour qu'apparaisse la première carte illustrée; cette carte, représentant une gravure de la tour Eiffel, sera diffusée à l’ occasion de l'Exposition Universelle de Paris. Elle sera imprimée à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires et inaugurera l'ère de prospérité de la carte postale. On attribue au Marseillais Dominique Piazza la paternité de la première carte postale photographique, en 1891. En quelques années, ce petit rectangle en carton devient une folie douce, un objet de collection pour ceux qui envoient et reçoivent des cartes postales.

Beyrouth reçoit son premier lot de cartes postales en 1897. Ces premières cartes représentent des vues générales de Beyrouth et de Baalbek, imprimées dans des médaillons surmontés d'une inscription « Gruss aus », signifiant « Souvenir de ». Editées en Allemagne et en Autriche, elles étaient vendues en librairie à Beyrouth. Ces cartes demeurent actuellement parmi les plus recherchées.

Un an plus tard, de nouveaux procédés d'impression vont mettre à la disposition du public des cartes panoramiques, reproduisant des clichés pris par les premiers photographes, surtout français, tels que Bonfils, Dumas ou Charlier Bézier. Ils seront suivis par des photographes autochtones tels que Sabounji, Sarrafian ou Tarazi qui ont tiré les premiers clichés édités localement. Sur leurs pellicules se fixent des vues de Beyrouth, principalement des scènes rurales, des traditions montagnardes ou encore des coutumes vestimentaires.
La demande accrue nécessite alors l'édition d'un plus grand nombre et d'une plus large variété de cartes postales. D'après les inventaires, il y aurait au-delà de 120 éditeurs libanais et étrangers et plus de 10.000 cartes postales différentes sur le Liban qui auraient été imprimées entre 1897 et la date de l'indépendance du Liban.

Pendant le Mandat Français et avec l'afflux des troupes étrangères au Liban, les cartes postales abondent. Avec une demande effrénée, de surcroit facilitée par la franchise militaire, une nouvelle génération d'éditeurs voit le jour, parmi lesquels figurent Ferid, Mann, Angelil, Amalberti ou encore la Poste Française.

A partir de 1943, la carte postale entre dans une phase de déclin au Liban et ce, malgré les tentatives de certains photographes tels que Scavo, Gulbenk et Manoug. Ce déclin est certainement dû au développement des divers moyens de communication et d'information, mais essentiellement au départ des troupes françaises et étrangères, au lendemain de l'indépendance. Les Libanais utiliseront alors beaucoup moins ce moyen de communication pour leur correspondance.

Témoignage précieux, les cartes postales éditées entre 1897 et 1940 représentent la mémoire visuelle de notre pays. Elles ont résisté à l'usure du temps et constituent une somme d'évocations et de reflets d'une histoire ou d'une époque. Ces cartes immortalisent des événements historiques, le Mandat, des personnages illustres, des scènes de métiers, des rues et des immeubles qui ont aujourd'hui complètement disparu. A travers elles ressurgit Beyrouth avec sa nouvelle architecture, ses ruelles, ses casernes, des vues panoramiques de Tripoli, Zahlé, Antélias, Sofar, Aley et leurs petites gares.

Témoignage émouvant, les cartes postales nous révèlent bien des indiscrétions et nous font pénétrer dans l'intimité d'une vie. Sur l'endos de telle carte, un certain Albert relate ses souffrances de jeune soldat blessé dans la révolte du Djebel druze, sur telle autre c'est l'attente interminable d'un certain John, pressé de rejoindre sa bien-aimée en Angleterre, sur celle-ci la description détaillée de Beyrouth par un Français fraichement débarqué en 1901. Et finalement, quel serrement au cœur en lisant, sur la carte envoyée par Christian à ses parents, les ravages que cause la famine parmi la population libanaise en 1916.

Souvenirs visuels et sentimentaux à la fois, ces documents constituent un héritage précieux de notre passé, des archives inestimables. Fouad Debbas l'a tout de suite compris et son action s'est révélée pionnière en la matière. A partir de 1974, il commence à constituer la collection la plus complète de cartes postales sur le Liban, datées de 1897 à 1940. Les stocks au Liban ont été épuisés, éparpillés, négligés, perdus ou encore brûlés… De plus, contrairement a ce que l'on peut penser, la plupart de ces cartes postales ont voyagé; ce qui a donc demandé à Fouad Debbas de les trouver en dehors du pays. Il réussit au fil de ses recherches à réunir plus de 9000 cartes, constituant ainsi la collection la plus fournie de cartes postales sur des sujets libanais.

Avec la rigueur de l'historien et la passion du collectionneur, Fouad Debbas compila rapidement ce patrimoine dans un ouvrage Beyrouth notre mémoire, édité en 3 langues; il mit ses cartes à la disposition de plusieurs expositions sur le Liban et rédigea des articles dans un grand nombre de revues spécialisées.

Une nouvelle génération de collectionneurs, les cartophiles, voit alors le jour. Véritable succès populaire, ce fond s'ancre peu à peu dans les mémoires et va permettre aux Libanais, chercheurs et historiens, de fixer ces données et d'illustrer le patrimoine libanais.

Collectionner les cartes postales: une science.

L'importante quantité de cartes postales ayant trait au Liban a nécessité à Fouad Debbas, Centralien de formation, méthodique, rationnel et perfectionniste, la mise en place d'un archivage particulier et original consistant en un classement chronologique, thématique et par éditeur.
Ce classement permettra la constitution d'une base de données, et la mise en place d'un annuaire, ou cartoliste. A partir de cette cartoliste, Fouad Debbas a pu baliser pour lui-même et pour les chercheurs – qu'ils soient historiens, sociologues, ethnologues, urbanistes ou architectes – une source essentielle de documents pouvant leur permettre d'ajuster leur analyse concernant le passé de notre pays.

Collectionner les cartes postales: un art.

Formidable outil de communication et de recherche scientifique, l'intérêt de la carte postale réside également dans sa valeur artistique. En effet, l'évolution artistique de la photo s'est développée avec comme support la carte postale. Au fur et à mesure de leur propagation, la qualité artistique des cartes postales s'est améliorée; les photographes s'attarderont de plus en plus sur les prises de vue, l'angle, ou encore le sujet de la photo. Même les personnages seront mieux choisis.

Collectionner les cartes postales: une fantaisie.

Tel que Fouad Debbas pratiquait sa collecte, la carte postale est indéniablement une fantaisie. Et c'est là où nos souvenirs les plus gais, sont devenus aujourd'hui pour moi, les plus poignants. Que de fantaisies Fouad ne s'est-il pas octroyé pour « une carte postale du Liban »! Il allait jusqu'à mobiliser un espace entier de son appartement à Paris, pour y ranger sa collection; les cartes postales ont même envahi sa chambre à coucher, dans laquelle il gardait les cartes les plus précieuses. N'a-t-il pas fait venir des maitres artisans menuisiers pour lui fabriquer le meilleur habitacle possible pour ses chères cartes? A la recherche d'une pièce manquante, il farfouillait dans les greniers de ses copains, partait fouiner chez les bouquinistes de Londres, Paris, Istanbul, etc. ou alors il prenait l'avion jusqu'au Brésil, aux Etats-Unis ou au Canada, pour essayer de dénicher une importante carte postale qu'un rabatteur ou un collectionneur lui avait signalée. Ainsi, pour l'acquisition de la première photo prise au Levant en 1840 par le Français Goupil-Fesquet – représentant les ruines de Baalbeck – il s'est mis en concurrence avec le Musée de Jérusalem au cours d'une vente aux enchères à New York, vente qu'il obtint…

Fouad savait transmettre aux autres ses fantaisies, son plaisir personnel. Il leur faisait partager sa passion avec tant d'enthousiasme qu'il ne partait jamais seul à la recherche de ses trésors. Ensemble, nous avons fait des dizaines de marchés aux puces à Paris, à Bruxelles et ailleurs, pour trouver « celle que nous n'avions toujours pas ».

Pour chacun de nous, les cartes postales représentent des souvenirs. Pour Fouad, il s'agissait d'aimer son pays à travers son passé, de s'attacher toujours plus à cette terre de naissance, de vouloir la garder intacte dans des albums, et vivante dans la mémoire.

(Extraits du Livre "Sarrafian - Liban 1900 - 1930")
Fri Dec 04, 2009 10:29 am View user's profile Send private message Send e-mail Visit poster's website
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