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Memorandum National de sa Beatitude Bechara Rai

 

 
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MEMORANDUM NATIONAL de sa Béatitude et Eminence Cardinal Béchara Boutros Raï - Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient
Fête de Saint Maron - 9 février 2014

Introduction

1-
Au cœur des crises que traverse le Liban, tout influencé qu’il est par les changements radicaux qui ont lieu dans la région, nous nous trouvons aujourd’hui à six ans de la célébration du premier centenaire de la proclamation du Liban en tant qu’Etat en 1920, sous le nom de « Grand Liban ». Nous nous trouvons également au seuil d’un nouveau mandat présidentiel et dans une phase critique décrite comme inquiétante par le Pape François, en raison d’une lutte politique qui, si elle se poursuivait, mènerait à davantage de « malentendus susceptibles de déstabiliser le pays » (Discours devant le corps diplomatique accrédité près le Saint Siège le 13 janvier 2014.). Tout le monde sait que la proclamation du « Grand Liban » est le fruit des efforts du Patriarche Elias Hoyek qui a porté au Congrès de Paix de Versailles en 1919, les vœux communs des Libanais pour la création d’un pays digne de l’homme. Dépositaire de cette histoire civilisationnelle et du patrimoine de ce grand patriarche, et comme le veut la coutume dans les phases-charnières de notre histoire,  les mémorandums nationaux en témoignent , l’Eglise maronite ne peut que reconfirmer les constantes auxquelles elle croit, exprimer les soucis qui hantent le peuple, jeter les bases de l’avenir, définir les priorités auxquelles tiennent les Libanais, en vue d’un meilleur avenir.

2- En élaborant ce mémorandum avec le regard tourné vers l’année 2020, l’Eglise maronite a voulu insister sur la persévérance de son acte de foi au Liban, pays attiré par l’avenir et donné à ses fils à titre de promesse et de tâche puisqu’ils l’ont voulu pays de l’homme, « pays définitif pour tous ses fils. » (Prélude de la Constitution, alinéa A). Elle a voulu également confirmer qu’il est déjà temps de traduire cette foi en se concentrant sur les bases de l’édification de l’Etat et en s’y engageant en acte et non en parole, toutes forces politiques confondues ; car l’Etat actif, fort et productif est la vraie expression de la foi dans l’entité et dans le projet qu’est le Liban.

3- Le patriarcat maronite ne peut qu’être fidèle à l’histoire de son peuple et de ses chefs, ses grands patriarches en premier, qui ont à leur actif de belles pages de résistance ayant raffermi, par le sang et par les larmes, la liberté et la dignité de l’homme dans la Montagne libanaise. Pour cela, il invite tout le monde à considérer de près la nature de ce pays qui naît et évolue sans cesse à partir de sa longue expérience historique de vivre-ensemble. Le prophète Esaïe l’a bien dit : « Dans très peu de temps, le Liban ne sera-t-il pas changé en verger, tandis que le verger aura la valeur d’une forêt ! » (Es, 29/17). Cet acte de foi signifie que l’Eglise regarde l’avenir avec réalisme, mais aussi avec espérance, en dépit des crises qui n’ont jamais fait défaut dans notre histoire, mais dont la plupart nous ont déjà permis de tirer au clair notre identité nationale.

I- Les constantes nationales

1-
Le vivre-en-commun

Le vivre-ensemble auquel tiennent les Libanais n’a rien d’accidentel ni ne sert de devise provisoire. Il est l’essence de l’expérience libanaise, malgré certaines conduites qui portent parfois les uns à douter de cette expérience. Il a un contenu clair que le Patriarche Hoyek a déjà traduit avec éloquence le jour où il portait, au nom de tous les Libanais au Congrès de Paix de Versailles (1919), le projet du Grand Liban. Il résume cette expérience devant le premier ministre français : « Permettez-moi (…) d’attirer votre attention sur une telle caractéristique qui témoigne d’une profonde évolution lourde de conséquences, laquelle, première en Orient, substitue le patriotisme politique au patriotisme religieux. En vertu de cette réalité, le Liban jouit d’un cachet particulier, d’une personnalité qu’il tient, avant tout, à garder. Dans l’intérêt même de la civilisation, il ne pourra la sacrifier pour aucune considération à caractère matériel. »( Discours prononcé en 1919). L’essence du vivre-en-commun est donc l’appartenance à un projet civilisationnel où se sont retrouvés le christianisme et l’islam pour prouver que la fraternité entre les hommes et les ressortissants des différentes civilisations et religions est historiquement possible, et qu’en vertu de son appartenance à un pays digne de lui, l’homme a droit à l’existence et à la participation politique, loin de toute classification et de toute autre considération.

Ce projet civilisationnel a pour base trois constantes : la liberté, l’égalité dans la participation et la conservation de la pluralité, sur lesquelles se fonde l’Etat libanais. L’expérience historique a prouvé que ces trois constantes sont comme le cœur du Liban, lui ayant donné toute sa particularité à laquelle tiennent tous les Libanais. Cette particularité a trouvé sa plus haute expression dans la formation de l’entité libanaise qui la protège et lui permet de remplir sa mission dans son environnement.

2- Le Pacte National

Les Libanais ont voulu le « Pacte National » pour doctrine politique, car il résume l’histoire commune d’une expérience de vivre-ensemble islamo-chrétien, et consacre les trois constantes ci-haut mentionnées. C’est pourquoi le Pacte n’a jamais été simple solution ou entente passagère tantôt acceptée, et tantôt remise en question ou encore abandonnée lorsque les intérêts et les choix s’opposent. Pour cela aussi, le Pacte est considéré, dans notre lexique politique, comme un état qui précède la Constitution et y prépare, qui règle l’action politique et la contrôle. En fait, le Pacte exprime le devenir de la rencontre historique des composantes du pays, il déclenche le mouvement qui conduit à un Etat pour l’homme, et empêche de tomber dans les contradictions de l’expérience historique.

Les auteurs de l’indépendance de 1943 ont exprimé leur conception du Pacte dans la devise « Ni Orient, ni Occident » qu’ils n’ont pas expliquée grammaticalement comme une « double négation qui ne fait pas une nation », mais comme la sublimation de l’expérience historique des composantes libanaises en engagement commun. Cet engagement a fait du Pacte, tout d’abord, une base pour fonder un Etat qui réalise les vœux de tous le Libanais et les tient à distance des axes et des conflits en faisant qu’ils ne soient pas attirés, de par leurs particularités, par des considérations qui dépassent l’entité et l’Etat du Liban ; ensuite une base pour établir les relations de cet Etat avec l’étranger. Cet étranger est appelé à reconnaître la spécificité du Liban qui est un modèle de vivre-ensemble des différentes religions et civilisations, à condition qu’il « ne soit un lieu d’implantation », mais ouvert à l’étranger et coopératif de manière à garantir son indépendance ainsi que le bien et le progrès de l’humanité, conformément à ce qu’on peut lire dans la déclaration du premier gouvernement de l’indépendance.

3- Le Modèle

L’application la plus importante de l’expérience du Pacte est peut-être le Modèle qui incarne la sagesse du Pacte en matière d’organisation et de réalisation de la participation effective des composantes libanaises au système politique. Le Modèle est le reflet de l’expérience historique qui a prouvé que le Liban ne peut tenir que par ses deux ailes chrétienne et musulmane. Le Modèle n’a jamais eu le nombre pour critère. « L’expérience libanaise, dit l’un de nos sages, a décidé, en premier, qu’il y ait un pays avant d’entrer dans les détails. » Cela a été pris pour un postulat consacré par les régimes qui ont été conçus pour le Liban depuis les Moutassarrifs jusqu’en 1943 puis Taïf en 1989. Lorsqu’elle a entériné l’abolition du confessionnalisme plus tard, la constitution de la première république n’a pas, dit-on, abordé la question de la représentation confessionnelle à la chambre des députés, vu qu’elle consacre la particularité libanaise, faisant soumettre l’abolition du confessionnalisme dans la fonction publique et dans le gouvernement à la condition de ne pas porter atteinte à la justice et à l’entente, et de pas porter préjudice à l’Etat. Cela signifie que le Pacte est au-delà de toute mesure politique ou administrative, ce que confirme le prélude à la constitution actuelle. Il importe beaucoup de signaler, à ce propos, que la liberté et la pluralité dont a joui le Liban ne proviennent pas de l’intérieur des confessions elles-mêmes, mais de l’idée fondatrice du projet libanais qui a assuré aux composantes libanaises équilibre et participation.

4- Ce que les Libanais ont réalisé aux temps de la fondation -Pacte et expérience constitutionnelle et politique – fait notre fierté et il mérite d’être repris en ces temps critiques que traversent le Liban et la région. Il peut nous inspirer dans notre vie nationale et dans nos choix politiques pour éviter que l’expérience fondatrice ne soit menacée, dans son essence, de graves rechutes qui la détruiraient de l’intérieur, et pour construire dessus nos perspectives d’avenir.

II. Les soucis actuels

1- Le souci du statu quo


Nul n’ignore que le statu quo en est à une phase de crise décisive, et l’Eglise maronite qui était pionnière dans son engagement à la « cause libanaise » au fil des siècles, ne peut rester inactive face à ce qui menace l’avenir du Liban. Par fidélité à cette cause, elle a tenu, après la guerre libanaise, un synode maronite (2003-2006) au cours duquel elle a procédé à une révision générale de sa vie et de sa mission, y compris la question nationale. Elle en a conclu que ce qui sauve l’expérience libanaise est que les Libanais poursuivent l’édification de l’Etat conformément, bien entendu, au Pacte et à la constitution. A cet effet, elle a élaboré la « Charte de l’action politique » à la lumière de l’enseignement de l’Eglise et de la spécificité du Liban » dans laquelle elle a étudié la question en profondeur et décidé des orientations claires pour l’avenir. Ces textes ont servi de sonnette d’alarme préalable vis-à-vis de la situation interne au Liban qui prend un cours inquiétant.

Les Libanais doivent donc prendre conscience qu’aucun projet national ne peut prendre racine dans la réalité que s’il produit un Etat juste, fort et productif dans une entité stable qui rend service à l’homme… Sinon, le projet national ne serait pas applicable, l’entité serait toujours instable et le citoyen exposé à tous les vents. Une telle pente dangereuse aurait pour conséquence l’apparition de « l’auto sécurité » qui se justifierait par l’incapacité de l’Etat de faire face aux dangers vitaux, et le citoyen se donnerait alors le droit de se défendre … Le fort imposerait alors ses choix aux autres donnant lieu à la confrontation interne et poussant chaque partie à tirer force de l’étranger, et le pays serait impliqué dans la lutte des axes. Tel est notre souci majeur qui condamne le Liban à un Etat d’impuissance politique dangereuse qu’il n’a même pas connue dans les phases les plus sombres de son histoire. Pour cela, nous mettons en garde tous les Libanais, notamment les responsables politiques, contre l’individualisme, l’obstination et la convoitise du pouvoir. Cela mènerait le Liban au gouffre.

2- Les questions corrélatives

Parmi les questions corrélatives à ce souci :

Premièrement : Le manque de précision pour définir l’« intérêt national suprême commun » et pour s’y engager, ce qui mène souvent à un exercice politique qui tourne à la quote-part et aux zones d’influence, au lieu de réaliser la justice par respect pour le Pacte et pour la logique de l’Etat. Pour cela, nous voyons aujourd’hui chez nous la lutte pour avoir sa part au pouvoir aux dépens du Pacte, le gel de la constitution en faveur de la lutte des forces, la paralysie de l’Etat due au jeu du tiraillement des axes étrangers.

Deuxièmement : l’enchaînement des institutions constitutionnelles et leur soumission aux choix des parties dont chacune prétend avoir les choix qui sauvent. Il n’est donc pas logique que les Libanais se vantent d’avoir une démocratie, une constitution et des institutions, alors que, dans leur majorité, ils contredisent la démocratie au profit de la force, ils suspendent la constitution compte tenu des calculs personnels ou catégoriels, et ils gèlent les institutions pour les exploiter à leur guise. La vie politique chez nous est envahie par l’intense exploration de la « démocratie consensuelle » dont la structure et les modalités ne sont pas encore achevées, et par l’enlisement dans des « conduites et des stratégies » dictées par des facteurs qui n’ont rien à voir avec l’organisation de l’Etat et l’intérêt de l’entité libanaise. Cela a généré l’impuissance des Libanais de trouver les solutions à l’intérieur, et leur besoin incessant d’un régulateur extérieur qui leur invente les solutions.

Troisièmement : l’entrave à la formation du pouvoir. Parmi les graves conséquences de l’enchaînement des institutions constitutionnelles, la transformation des échéances constitutionnelles en crises existentielles, au lieu d’y voir des opportunités démocratiques pour la rotation du pouvoir. S’agirait-il du combat des dieux de la mythologie grecque ? le meilleur exemple là-dessus : ne pas parvenir à s’accorder sur une loi électorale juste, ne pas organiser les élections législatives à temps, ce qui a conduit à proroger le mandat de la chambre des députés, ne pas parvenir à former des gouvernements dans des délais raisonnables, craindre le vide au niveau de la présidence de la république.

Quatrièmement : l’implication du Liban dans les problèmes de l’entourage sans se rendre compte des suites de cela sur le pays et sa structure. Le principe du Pacte « Ni Orient, ni Occident » et le non alignement aux axes qu’il préconise, ne réglemente plus, semble-t-il, les mouvements de certaines parties libanaises en direction de l’étranger. Est-ce que les Libanais auraient perdu confiance en leur expérience pour se désister de leur rôle d’ambassadeurs de l’expérience libanaise, porteurs de sa mission aux pays qui ont besoin de modèles de vivre-ensemble entre civilisations et religions, et de constitutions consacrant le droit de tous à la participation politique effective et non pas formelle ou utopique ?

3- La neutralité du Liban

Nous mesurons, là, l’importance de la neutralité positive du Liban, preuve effective de la foi en l’expérience libanaise. Nous savons que pour certains la neutralité du Liban nuit à ses intérêts suprêmes, car il s’isole ainsi des négociations des solutions dans la région. Cependant, nous confirmons, à nouveau, que la neutralité est le meilleur moyen de sauvegarder la pluralité dans les pays composés, comme l’ont prouvé les expériences de l’histoire. De même, nous tranchons que la neutralité du Liban comptant sur sa force de défense qui tient au soutien de l’armée et des forces de l’ordre, et engagé aux causes de la communauté arabe, notamment la cause palestinienne, et celles ayant traits à la justice, au vivre-ensemble, à la pluralité dans l’unité, aux droits de citoyenneté et à l’édification de la paix, cette neutralité est, pour la région, un besoin qui exige son existence. En attendant que s’achève le processus de cette neutralité, il faut œuvrer pour le tenir à l’écart des conflits entre les axes régionaux et internationaux, comme le stipule la « Déclaration de Baabda », ne pas permettre qu’il soit point d’installation, de passage ni de départ pour aucun acte de nature à l’impliquer dans ces conflits ou dans des crises contraires à sa spécificité, et parvenir à une stratégie de défense nationale qui permette au Liban de récupérer son territoire et de défendre ses frontières.

III. Les bases du départ pour l’avenir

Face à tout cela, les Libanais se doivent de se demander en conscience quel avenir ils veulent et sur quelles bases. Pareille question concerne aussi le nouveau mandat présidentiel qui conduira le Liban à célébrer le premier centenaire de la proclamation du « Grand Liban ».

1- L’Intérêt national suprême

L’Eglise maronite qui tient à ce que les Libanais ont réalisé ensemble depuis la création du « Grand Liban » et jusqu’à ce jour, trouve que la sortie de la crise actuelle ne pourra se faire que par le retour à l’intérêt national suprême sur la base du Pacte et de la constitution. Le Liban, en effet, ou bien nous le faisons ensemble, ou bien il n’est pas. Cela requiert un dialogue transparent et franc qui conduise à une véritable paix intérieure et à la définition des priorités afin que le Liban se relève. Ces deux responsabilités incombent aussi au nouveau président de la république, dont l’élection est une nécessité pour le Liban qui se montre ainsi à lui-même et montre au monde qu’il est un pays qui respecte sa démocratie à travers la rotation du pouvoir et qui tient à sa constitution.

2- Le dialogue interne

Pour que le dialogue interne réussisse à raffermir une véritable paix, il devra se faire dans le cadre des institutions dans le prolongement du dialogue national et être soumis aux modalités de la démocratie consensuelle qui s’appuie sur les bases du Pacte et de la constitution. C’est alors que les résultats du dialogue seront engageants et viseront l’intérêt du Liban, tout le Liban, et des Libanais.
De là, le besoin, selon l’Eglise maronite, d’être à nouveau attaché aux bases du Pacte et de la constitution ; car, tel un bateau, le Liban ne pourra vaincre le vent que moyennant un mât et une voile.

3- L’insistance sur le Pacte

Esprit et alliance, le Pacte est incarné dans une entité et un Etat par un modèle de contrat engageant. L’insistance sur ce Pacte oblige à :
Premièrement : retourner à l’essence du Pacte pour défendre la liberté de manière constructive, interagir intellectuellement et culturellement de manière productive, s’enrichir mutuellement, s’en tenir au modèle de vivre-en-commun qui exprime la participation de tous à l’édification d’un pays unifié ainsi qu’une identité nationale collective par laquelle tout le monde se sent concerné, car elle est en dehors de la perspective du nombre. Par ce retour à l’essence, il n’y aura plus moyen de tirer force de l’extérieur, ni d’être individualiste à l’intérieur, ni de porter atteinte à la souveraineté nationale. Ainsi renforçons-nous notre expérience historique et serons-nous respectés parce que nous y tenons et nous nous y attachons.

Deuxièmement : s’attacher aux dimensions de la devise « Ni Orient, ni Occident » qui définit la relation du Liban avec l’étranger. Renouveler l’attachement au Pacte signifie aussi s’attacher, selon le Pacte et la constitution, à la neutralité du Liban telle que nous venons de la décrire, une neutralité positive qui rend service à la particularité du Liban en tant qu’élément vital pour la réussite de l’expérience libanaise et en tant que besoin civilisationnel et valeur ajoutée pour la région et pour le monde.

Cela oblige le Liban à :
Servir son environnement oriental et arabe, à en adopter les justes causes, à développer avec ses pays des relations de collaboration et à les aider à faire œuvre de paix, à respecter les droits de l’homme, à défendre les libertés, à gérer la pluralité, tout en respectant les résolutions de la légalité internationale et toute cause humaine.

Insister sur le caractère juste de la cause palestinienne, et donc sur le droit des Palestiniens de rentrer chez eux et de former leur Etat propre sur leur sol national. En conséquence, le Liban refuse toute sorte d’implantation palestinienne sur son territoire conformément à ce qui est stipulé dans le préambule de la Constitution.

Réclamer le rétablissement rapide de la paix en Syrie, aider les Syriens à décider de leur sort dans un dialogue intègre entre eux, assurer la stabilité pour que les Syriens déplacés rentrent chez eux sains et saufs dans la dignité. Le rétablissement rapide de la paix et la rentrée des déplacés constituent un intérêt vital pour le Liban.

S’ouvrir et communiquer : relancer le rôle du Liban dans le monde arabe auquel il appartient et promouvoir son interaction avec la communauté internationale, sur les plans culturel, commercial et économique avec esprit d’amitié et en échangeant les valeurs de la modernité et des patrimoines, par l’intermédiaire des Libanais de l’expansion et de l’Etat libanais et ses institutions. La stabilité intérieure du Liban dépend de son message et de son rôle dans la sauvegarde de la paix et l’édification d’Etats démocratiques autour de lui. Il lui faut donc pouvoir jouer efficacement ce rôle. Cela permet de réaffirmer son réengagement aux résolutions de la légalité internationale, en particulier la résolution 1701 et d’exprimer la grande estime à Sa Sainteté le Pape François et au Saint Siège pour leur attention et leur soutien continu au Liban et à sa mission, et d’exprimer aussi la reconnaissance aux pays qui prennent part aux Forces Intérimaires des Nations Unies au Liban.

4- L’insistance sur la défense et le respect de la constitution

La constitution traduit l’esprit du Pacte, garantit les droits et les devoirs des
citoyens, et réglemente la formation, l’exercice et la rotation du pouvoir ainsi que le fonctionnement des instituions. Le respect de la constitution oblige à:

Premièrement : conserver les acquis constitutionnels tels : les libertés personnelles, le cachet civil de l’Etat et sa démocratie, la garantie de la participation de toutes les composantes, l’ouverture au développement à partir de la constitution. Cela se fait moyennant la promotion de la logique du respect de la constitution et de la loi. Sur le plan pratique, il est indispensable de protéger ces valeurs fondatrices du pays en appliquant le partage égal de la participation des chrétiens et des musulmans au pouvoir et à l’administration, et l’égalité des droits et des devoirs.

Deuxièmement : s’engager à construire un Etat juste, fort et productif à travers la sauvegarde de la souveraineté, la détention exclusive par la légalité de la force militaire, par l’achèvement de la construction sérieuse d’une armée moderne équipée de matériel et d’armements sophistiqués et performants, et par le renforcement des forces de sécurité et des autres organismes sécuritaires ; à travers la défense de l’autonomie et de l’inviolabilité de la justice, le soutien et la relance des organismes de contrôle, l’imposition de la loi à tous sans exception et sans distinction aucune ; à travers le contrôle du clientélisme politique dans l’administration qui risque de paralyser le fonctionnement des institutions et de couvrir le favoritisme et la corruption; à travers la promotion de l’économie en créant des opportunités de travail pour les citoyens. En effet, l’Etat juste, fort et productif est l’espace commun de la rencontre des Libanais et de la consolidation de l’unité libanaise. C’est l’Etat libéré des paris sur l’étranger, protégé contre l’ingérence extérieure et garant de l’unité.

Troisièmement : s’engager à relancer le fonctionnement régulier des institutions constitutionnelles et à ne pas les paralyser ; car cela montre le degré d’évolution des pays en matière de démocratie et la maturité de leurs peuples. Il est le meilleur moyen de maintenir la stabilité et la paix intérieures, et surtout de protéger le bien public et les droits des citoyens, principal objectif de la création des institutions.
Quatrièmement : ouvrir le Liban au potentiel des ses fils dans les pays de l’expansion, prolongement effectif de sa fortune humaine et civilisationnelle ; resserrer les liens nationaux avec les Libanais de l’expansion pour leur bien et leur dignité, œuvrer pour qu’ils aient le droit de vote et pour que la loi de récupération de la nationalité soit entérinée, et pour qu’ils contribuent à porter dans leurs sociétés la cause libanaise et arabe.
Cinquièmement : il reste que l’élection d’un nouveau président de république, comme président du pays et défenseur de la constitution, dans les délais fixés par la constitution et en dehors de toute discussion, est la condition fondamentale et sine qua non pour que l’Etat soit présent et qu’il s’élance vers l’avenir.

IV. La définition des priorités

D’après tout ce qui précède en matière de constantes nationales, de soucis actuels et de bases de départ pour l’avenir, nous définissons les priorités suivantes à l’adresse de tous les Libanais, notamment les responsables d’entre eux :

Premièrement : Achever d’édifier le pouvoir de l’Etat à l’intérieur et l’étendre à l’ensemble du territoire libanais, et aider à la motivation des forces politiques nécessaires pour gérer le pouvoir, pour reconstruire l’Etat et ses institutions centrales, pour défendre la constitution, pour séparer les pouvoirs, pour respecter l’inviolabilité de la justice, avec l’élan que cela exige pour prendre les décisions fermes et les mesures exceptionnelles sagement et résolument.

Deuxièmement : promulguer une nouvelle loi électorale pour les députés dans l’esprit du Pacte, de manière à traduire le vrai partage à égalité, le libre choix, l’interrogation et la demande de comptes, à garantir l’émulation démocratique et à supprimer le fait que le député puisse être imposé à sa communauté par la force des groupements confessionnels.

Troisièmement : décider et mettre en application la décentralisation
administrative élargie, car elle assure une meilleure gestion de la pluralité dans l’unité, augmente la participation locale, et donne aux régions davantage de pouvoirs, de par le financement équilibré et les revenus convenables qu’elle nécessite.

Quatrièmement : achever d’appliquer l’accord de Taëf et voir ce qui doit être précisé, expliqué ou développé à la lumière de l’expérience vécue, y compris les attributions du président de la république, pour combler les lacunes constitutionnelles et processuelles constatées dans l’exercice du pouvoir depuis l’entrée en vigueur de cet accord, et cela en vue de réaliser ce que la constitution exige du président de la république en tant que chef de l’Etat pour assurer la stabilité du régime et la régularité de son fonctionnement, et pour éviter la paralysie du pouvoir ou la passation du pouvoir, et en vue de mettre en application les reformes politiques de sorte qu’elles touchent les autres institutions en matière de bon fonctionnement, y compris le conseil des ministres et la chambre des députés, et en vue de reconsidérer certains délais illimités dans les questions importantes du pouvoir.

Cinquièmement : Former des gouvernements compétents qui adoptent des plans et n’improvisent pas de politiques et de solutions, qui respectent leurs déclarations, qui relancent l’économie nationale et réalisent l’égalité et la justice sociale, qui luttent contre la pauvreté et le chômage, qui ferment une fois pour toutes le dossier des déplacés, qui mettent un plan pour traiter la dette publique et l’impuissance de l’Etat de la couvrir, ces deux grandes sources de danger pour le pays, pour sa décision libre et sa stabilité sociale, qui proposent des lois pour la bonne gouvernance de l’information, en protègent la liberté responsable et l’aident à confirmer son autonomie par autofinancement avec des moyens proclamés et transparents.

Sixièmement : s’occuper des jeunes, grande fortune du pays et force de renouveau de la société et de l’Eglise, de manière à leur fournir une culture scientifique et professionnelle, et une éducation humaine, morale et sociale qui les préparent à prendre part consciemment aux décisions nationales, et à intégrer la fonction publique avec esprit nouveau et perspectives lointaines ; et de manière à leur fournir des opportunités de travail en fonction de leurs capacités et de leurs compétences. Cela leur permettra de rester dans leur pays, les motivera pour y créer, assurer leur avenir et fonder une famille, et leur ouvrira les portes de l’espérance en un avenir meilleur et en des changements possibles.

Septièmement : promouvoir la participation de la femme aux responsabilités publiques et à la vie politique, compte tenu de ses droits, de ses capacités, de sa vitalité, de sa sincérité dans l’approche des questions à traiter, de son sens social pour prévenir les problèmes de l’humain, de l’éducation, de la santé et de l’environnement.

Huitièmement : motiver le citoyen pour exercer consciemment ses droits démocratiques et ses devoirs envers les exigences de l’édification de l’Etat, et l’inciter à s’intéresser au vaste champ des affaires publiques, en particulier, les affaires qui le concernent directement. Il corrigera alors l’action politique qui cessera d’être des paroles vite évaporées.

Neuvièmement : réformer l’administration publique et la moderniser, en adoptant la compétence scientifique et morale, et en considérant comme absolument prioritaire la lutte contre la corruption, principal inhibiteur de l’Etat.

Dixièmement : promouvoir la contribution du Liban à faire sortir le monde arabe des souffrances où il se trouve, et à chercher des régimes politiques modernes dignes de l’homme qui l’habite et de ses vieux patrimoines et qui renforcent sa présence positive dans le monde d’aujourd’hui. De par son identité authentique et son patrimoine singulier, le Liban est, en effet, capable d’être partie prenante à l’élaboration de la civilisation de l’humanité, et à la consolidation de la paix juste et globale dans la région (Le renouvellement de l’expérience du vivre-en-commun ne constitue pas seulement une garantie pour l’avenir des Libanais, mais aussi une nécessité pour leur environnement arabe et un soutien pour sortir de cette période de guerres et de conflits de toutes sortes. Aussi, faut-il œuvrer pour faire de l’expérience libanaise, dans sa forme renouvelée, un modèle utile au monde arabe, modèle civilisé de recherche de vivre-en-commun et de progrès dans des sociétés caractérisées par la diversité et la pluralité. Il serait un préambule à une redéfinition de l’arabité, -conçue comme lien culturel rapprochant les Arabes, et non un projet politique les éloignant les uns des autres- et au renouvellement de la contribution des Arabes à la civilisation mondiale. Ce serait l’apport du Liban pour délivrer le monde arabe des souffrances qu’il endure. En effet, «c’est un monde qui est à la recherche de lui-même, d’un modèle pour son existence et d’une place dans le monde d’aujourd’hui, où il pourrait constituer un élément positif dans la production de la civilisation humaine et contribuer à la consolidation de la stabilité et de la paix, à partir de l’authenticité de son identité et de la singularité de son patrimoine ».), suivant les résolutions de la légalité internationale et de l’initiative arabe pour la paix (Beyrouth 2000). L’entérinement de la nouvelle constitution en Tunisie, par sa reconnaissance de la liberté de conscience et des autres libertés, comme de l’égalité entre la femme et l’homme, donne de l’espoir dans l’avenir de notre monde arabe.

Onzièmement : tenir à la poursuite de la mise en application des mesures prises par le Groupe de soutien international au Liban concernant sa stabilité, la promotion de son économie, le renforcement du potentiel de l’Armée libanaise et les efforts en cours pour faire face au problème des déplacés syriens.

Conclusion

Le Liban constitue une expérience singulière dans ce monde, et l’Eglise maronite ne s’éloignera jamais de ce grand pari qu’elle considère essentiel dans sa mission nationale. Elle incitera inlassablement tous les Libanais, notamment les responsables d’entre eux, à faire de cette expérience un pari réussi en édifiant effectivement l’Etat fondé sur le Pacte et la productivité, qui fait le bien de chaque citoyen et qui donne à notre pays la base solide pour qu’il se mette à accomplir sa mission, comme l’a dit le Bienheureux Pape Jean-Paul II : « Le Liban est davantage qu’un pays, il est un message de liberté et un modèle de pluralité pour l’Orient comme pour l’Occident ».

Fait au Siège Patriarcal de Bkerké
Le 5 février 2014
Cardinal Béchara Boutros Raï
Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient

Tue Feb 11, 2014 5:06 pm View user's profile Send private message Send e-mail Visit poster's website
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