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Le Liban est une terre de vivre-ensemble |
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Hourani au Jeune Indépendant: "Le Liban est une terre de vivre-ensemble"
Frédéric Zakhia, Beyrouth - jeune-independant.net
En 2013 est né au Liban le mouvement « Lebanon Dialogue Initiative » (LDI) ou Initiative libanaise de dialogue, une organisation libanaise non gouvernementale créee par des hommes d’affaires, académiciens et hommes d’État et qui a pour objectif de faire reconnaître officiellement le Liban par l’organisation des Nations unies (ONU) en tant que terre de dialogue entre cultures et d’y établir un centre international prévu à cet effet.
Le Jeune Indépendant a rencontré Mme Guita Hourani, directrice du Centre de recherche sur l’émigration libanaise, professeure à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), secrétaire générale et directrice de la campagne internationale du LDI.
Mme Hourani, comment est née cette initiative ?
L’idée de faire reconnaître le Liban comme terre de dialogue a été lancée par le feu Fouad Turk, ambassadeur et secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères au Liban. Il a été rejoint par M. William Zard Abou Jaoudé, consul honoraire du Royaume Uni au Liban et le feu Ghassan Toueini, ministre et ambassadeur du Liban à l’ONU. M. Abou Jaoudé a décidé d’œuvrer pour réaliser ce noble projet, important pour le Liban et pour le monde entier.
Dès 2013, le président de la NDU, le père Walid Moussa, a offert d’accueillir le LDI. La présence au sein de cette université du Centre de recherche sur l’émigration libanaise, qui a tissé de très fortes relations avec les Libanais de la diaspora, favorise un vaste appui international pour cette initiative, notamment parce que beaucoup de Libanais de la diaspora ont une influence politique dans leurs pays d’accueil.
Pourquoi créer un centre international pour le dialogue ?
Nous croyons qu’un centre universel pour le dialogue permet non seulement de faciliter le dialogue entre parties en conflits mais aussi la prévention des guerres et l’empêchement de l’aggravation de conflits.
C’est ainsi que le LDI aspire à une coopération avec le gouvernement libanais, cherche l’appui des pays amis et de la société civile libanaise ici et à l’étranger dans un but de faire reconnaître le Liban comme terre de dialogue et d’y établir un centre universel affilié à l’ONU pour la résolution des conflits.
Pourquoi pensez-vous que le Liban est le pays approprié pour une telle mission ?
Le vivre-ensemble historique entre Libanais de différentes confessions fait du Liban une terre de choix pour le dialogue. Cette coexistence été soulignée tant par des historiens, comme Albert Hourani, que par des politiciens, comme Charles De Gaulle qui disait du Liban : « C’est le seul lieu du monde où islam et chrétienté ont réussi une convivialité que ses institutions politiques favorisent », ou encore par des personnalités religieuses comme le pape Jean-Paul II qui a déclaré en 1997 : « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme l’Occident ».
L’imam shiite libanais Moussa as-Sadr avait affirmé quant à lui : « Le monde a besoin du Liban et s’il n’existait pas, on devrait le créer ». Finalement, le premier ministre Hariri a déclaré en 2017 : « Le Liban est un modèle de coexistence. »
Les Libanais sont conscients de cette singularité de leur pays. Rappelons que le dernier sommet interreligieux islamo-chrétien tenu au patriarcat maronite en 2012 a appelé à désigner le Liban comme un espace de dialogue entre civilisations dans une ambiance de paix et de diversité.
Nous croyons que promouvoir le dialogue est une vocation historique du Liban ; c’est sa raison d’être. La guerre civile (1974-1990) a montré ce qui se passe quand le Liban perd cette vocation, mais la paix et l’entente nationale ont prouvé que le dialogue est possible et nécessaire pour construire la paix.
Beaucoup d’autres facteurs font du Liban un endroit approprié pour établir un tel centre : l’ouverture de la société tant vers le monde arabe que vers l’Occident, la position géographique du pays, ses relations diplomatiques, le poids positif de son immense diaspora et la présence d’autres centres internationaux comme celui de l’ESCWA par exemple.
Quelles sont les étapes réalisées au niveau national ?
Au niveau national, nous avons rencontré les présidents de la république libanaise successifs, M. Michel Sleiman et M. Michel Aoun. Nous avons demandé des réunions avec le président de la Chambre des députés et avec le premier ministre. Nous sollicitons auprès d’eux de faire inclure notre projet dans l’ordre du jour du conseil des ministres, afin que notre demande auprès de l’ONU suive une voie gouvernementale et diplomatique. Sur notre agenda figurent aussi d’autres rencontres à venir, et des événements divers pour faire connaître plus largement notre cause.
À l’image du pluralisme libanais, le conseil consultatif du LDI est diversifié. On a des représentants de toutes les communautés, et même on a respecté la représentation du genre féminin. Nous avons ainsi la princesse Hayat Arslan qui siège au conseil.
Où en êtes-vous de la démarche internationale ?
En plus de l’appui de notre pays, nous cherchons l’appui des États amis et nous demandons aux personnes influentes de notre diaspora de nous aider dans cette démarche. D’où notre campagne internationale, dont je suis la directrice. Cette campagne cible plusieurs continents : les Amériques (les États-Unis, le Mexique, le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, etc.), l’Europe et le Moyen Orient (la France et le Koweït). Nous y avons déjà rencontré des sénateurs et des gouverneurs, ainsi que des députés. Nous aurons des événements en dehors du Liban en 2018 pour augmenter notre visibilité.
Nous avons par ailleurs invité en 2016 de hauts représentants du Kosovo et de la Serbie, dans un forum tenu au Liban afin qu’ils expliquent leur processus de dialogue et de résolution du conflit. Le but de ce forum était de créer un centre de dialogue de facto au Liban. Nous aurons un autre forum le 3 novembre prochain avec un autre cas de dialogue à étudier.
Enfin, nous avons lancé une pétition internationale qui sera envoyée à l’ONU avec notre requête. On en est à 7000 signatures et on doit en atteindre 10 000. J’invite les lecteurs à la signer sur le site change.org [http://chn.ge/SVwBrc].
Quels sont les prix et bourses qui seront lancés dans le cadre de votre initiative ?
Nous en avons lancé trois et leur but est de faire engager des jeunes appartenant à de diverses disciplines dans l’esprit du dialogue.
Le prix cinématographique international de l’honorable William Zard Abou Jaoudé, président du LDI, sera décerné pour le meilleur court métrage dont le thème couvre le dialogue, la paix et la justice sociale.
Le prix national de Fouad Turk sera accordé pour des productions dans le domaine de la musique cette année et il cible la jeunesse libanaise. Le dernier prix est celui du père Walid Moussa, président de la NDU, qui accueille notre initiative, il sera décerné aux étudiants excellents de l’Université Notre-Dame qui présentent des projets dans l’engagement civique.
L’annonce de la liste des gagnants sera faite lors du dîner de gala du 4 novembre 2017.
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